Je suis très heureux de me rendre au Sénégal en tant que Ministre des Affaires étrangères du Japon, en cette année 2025 marquant le 65e anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Le Japon a établi la relation diplomatique avec le Sénégal à peine au cours de l’année de son indépendance et cela fait déjà 65 ans depuis lors. En août 2025, le Japon organisera la 9e Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD 9), et souhaite renforcer davantage les relations entre nos deux pays.
Le premier objectif de ma visite est de renforcer les relations de « partenariat stratégiquement important » entre nos deux pays, qui partagent des valeurs et des principes tels que la démocratie et l’État de droit. En plus des efforts visant à renforcer encore davantage les relations bilatérales entre le Japon et le Sénégal, j’ai l’intention d’aborder la situation en Afrique, notamment dans la région du Sahel, la situation en Asie, notamment la question nucléaire et des missiles balistiques nord-coréens, la question des enlèvements de citoyens japonais par la Corée du Nord, ainsi que les défis mondiaux tels que la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies et la lutte contre le changement climatique.
Son Excellence Monsieur le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a annoncé divers programmes ambitieux, dont la vision « Sénégal 2050 », et les met en œuvre avec un fort leadership. Le Japon apprécie les efforts déployés par le gouvernement sénégalais et entend contribuer à la mise en œuvre de « Sénégal 2050 » en tant que partenaire, en mettant l’accent sur le développement des ressources humaines.
Depuis de longue date, le Japon coopère avec le Sénégal dans les domaines du développement des ressources humaines, y compris la formation professionnelle, de l’éducation, de l’agriculture, de la pêche, des infrastructures et de la santé, entre autres. Je tiens à vous présenter ici quelques exemples de notre coopération.
Développement du capital humain
Tout d’abord, il s’agit du développement des ressources humaines, l’un des points forts du Japon. Le Centre de Formation Professionnelle et Technique Sénégal-Japon (CFPT), a formé plus de 7 000 ingénieurs à ce jour. En outre, le CFPT a accueilli plus de 1 000 stagiaires provenant de 17 pays de l’Afrique de l’Ouest francophone, ce qui en fait un centre régional du développement des ressources humaines. Le taux d’emploi des diplômés du CFPT en 2022 est d’environ 84 %, ce qui contribue au développement endogène de l’industrie au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Lors de la cérémonie commémorative du 40e anniversaire du CFPT l’année dernière, Son Excellence Monsieur le Premier Ministre Ousmane SONKO a déclaré que le modèle du développement japonais, qui consiste à enseigner à pêcher plutôt que d’offrir du poisson, était le modèle idéal à suivre pour le Sénégal. Nous en sommes très fiers.
De plus, le Japon s’efforce à améliorer la qualité de l’enseignement des mathématiques et des sciences dans le primaire et à former du personnel médical, et entend continuer à contribuer au renforcement des ressources humaines au Sénégal.
Agriculture
Dans le domaine agricole, nous apportons un soutien global à la riziculture afin d’aider le Sénégal à atteindre l’autosuffisance en riz. Concrètement, nous travaillons à l’élaboration d’un plan de développement à moyen et long terme pour l’irrigation du bassin du fleuve Sénégal, à l’amélioration de la productivité et de la qualité ainsi qu’à la riziculture dans les zones pluviales du sud du pays. À travers ces initiatives, nous souhaitons renforcer la chaîne de valeur nationale, réduire la dépendance alimentaire vis-à-vis des importations et contribuer à la sécurité alimentaire du Sénégal.
Déminage et reconstruction en Casamance
Par ailleurs, comme aide particulière du Japon, nous soutenons également le déminage et la reconstruction dans la région de Casamance. A travers le transfert du savoir-faire japonais, nous envisageons de renforcer les capacités du Centre National d’Action Antimines au Sénégal (CNAMS), et de coopérer avec le Sénégal pour le déminage et la reconstruction par les propres initiatives sénégalaises.
Expansion du commerce et des investissements
Sur le volet économique, l’expansion du commerce et des investissements est aussi importante que la coopération au développement pour renforcer la compétitivité de l’économie sénégalaise. Le nombre d’entreprises japonaises implantées au Sénégal est passé de 16 en 2019 à 24 en 2023, soit une augmentation de 50 % en cinq ans. Des entreprises japonaises fournissent notamment des équipements et des formations au CFPT susmentionné, qui bénéficie donc du soutien japonais non seulement public mais aussi privé. Nous poursuivrons nos efforts pour promouvoir la compétitivité industrielle et le renforcement de la chaîne de valeur au Sénégal.
Par ailleurs, le Sénégal a installé un pavillon indépendant pour la première fois de son histoire à l’Exposition Universelle Osaka-Kansai 2025 qui s’est ouverte cet avril à Osaka. Sous le thème « Le Sénégal, carrefour d’interconnexion des peuples pour un développement durable et équitable », il présente les initiatives du Sénégal en faveur d’un développement durable et équitable fondé sur les énergies renouvelables et l’économie circulaire. Nous espérons que cette exposition servira de catalyseur pour renforcer les échanges commerciaux et les investissements entre le Japon et le Sénégal. Et surtout, j’espère que ma visite sera l’occasion de faire découvrir l’attractivité du Sénégal à un plus grand nombre d’entreprises japonaises.
Cocréation à travers la TICAD 9
Le deuxième objectif de ma visite est de promouvoir la coopération en vue de la TICAD 9, qui se tiendra à Yokohama en août prochain. La TICAD, organisée conjointement par le Japon, les Nations Unies, la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque Mondiale et le PNUD, a célébré son 30e anniversaire en 2023. Sur la base des résultats obtenus dans le passé, j’espère que la TICAD 9 sera l’occasion de créer ensemble des solutions qui contribueront à la prospérité tant du Japon que de l’Afrique, en tirant parti des technologies innovantes et des connaissances du Japon dans des domaines tels que les technologies de l’intelligence artificielle, la santé numérique, l’utilisation de l’hydrogène et de l’ammoniac comme sources d’énergie.
La TICAD 9 mettra également l’accent sur les jeunes et les femmes, qui sont responsables de l’avenir du Japon et de l’Afrique. On estime qu’en 2050, un jeune sur trois dans le monde sera africain. Nous continuerons à promouvoir la formation de ressources humaines ainsi que les échanges humains, culturels et sportifs.
Sport et culture
Dans cette optique, les Jeux Olympiques de la Jeunesse, qui s’ouvriront en octobre 2026 à Dakar, constituent une occasion importante réunissant les jeunes du monde entier au Sénégal. Le Japon est prêt à partager son expérience des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020 et à coopérer, par exemple, à travers notre projet d’aménagement ’d’équipements de judo au Sénégal. Nous espérons que cette occasion permettra au Sénégal de renforcer les échanges à travers le sport et de fasciner de nombreuses personnes dans le monde entier.
Sur le plan culturel, le livre « La plus secrète mémoire des hommes » de l’écrivain sénégalais Mohamed SARR a été traduit en japonais en 2023 et est apprécié au Japon. Ce n’est qu’un exemple, mais j’espère que le Japon et le Sénégal se présenteront mutuellement les excellents talents de chaque pays et approfondiront leur compréhension mutuelle.
À travers ma visite au Sénégal, la TICAD 9, l’Exposition universelle d’Osaka-Kansai et les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Dakar, j’espère sincèrement que les relations entre le Japon et le Sénégal, ainsi qu’entre le Japon et l’Afrique, connaîtront un essor vers un niveau sans précédent. C’est sur cette note que je conclue mon message au peuple sénégalais.
IWAYA Takeshi, Ministre des Affaires étrangères du Japon