Chaque vendredi matin, la ville de Diourbel revisite le passé à travers le rituel immuable du « Ndjinn » de Serigne Mbaye Sarr. Au rythme envoûtant du tam-tam, les descendants de ce fidèle compagnon du fondateur du mouridisme forment une procession solennelle. Portant sur leurs têtes des fagots de bois de chauffe, ils cheminent vers « Keur Gou Makk », la grande demeure de Serigne Touba, perpétuant ainsi un geste de dévotion mystique profondément ancré aujourd’hui dans la mémoire collective. Le « Ndjinn » de Serigne Mbaye Sarr ne se limite pas à une offre matérielle de bois; il incarne une mémoire vivante, celle d’une foi érigée en institution, et d’un acte de résistance à l’ordre colonial élevé au rang de culte. Ce rituel, réactive chaque semaine le passé rappelant combien les actes portés par la foi peuvent transcender les êtres et laisser dans le temps une empreinte indélébile.