Loin de l’image de la bombe à laquelle nous renvois le mot nucléaire, à l’Institut de technologie nucléaire appliquée (Itna), le terme nucléaire se rapporte au noyau d’une cellule animale ou végétale. Et, au sein de cet institut logé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les scientifiques mettent cette technologie au service de l’agriculture, de la santé et du secteur de l’industrie et des mines. Un moyen pour eux d’aider l’Etat à mieux se servir des services des Technologies nucléaires afin de prendre les décisions idoines au service de la population.
Créé le 3 juillet 1980, logé au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et peu connu des Sénégalais, l’Institut de technologie nucléaire appliquée (ITNA) a pour mission de développer les activités de recherche en physique nucléaire, de promouvoir les applications pratiques des techniques nucléaires, d’assurer la formation dans les domaines ayant trait à la technologie nucléaire, de développer la radioprotection au plan national et de mettre en place des capacités adéquates en matière de maintenance et de réparation des équipements et de l’instrumentation nucléaire. « Avec les nouveaux métiers, aussi bien dans le domaine de l’agriculture, de l’environnement, des mines, de l’industrie et de la santé, les technologies nucléaires sont des technologies innovantes. Si on parle de nucléaire, les gens pensent à la bombe.
Le Directeur de l’ITNA, Prof. Oumar Absatou Niasse soutient que l’ITNA pourrait aider à mettre en place des normes sur des contaminants radioactifs et contribuer au contrôle des aliments destinés à la consommation par des analyses physiques, non destructives Présent au niveau de leur stand lors du Salon de l’orientation, de l’apprentissage et de la formation (UniverSalon), qui s’est tenu du 13 au 15 juin 2025 au Centre international de commerce extérieur du Sénégal (CICES), Pr. Niasse précise que leur institut pourrait offrir des analyses physiques dans plusieurs domaines « Nous mangeons des aliments qu’on ne contrôle pas suffisamment. Or, nous avons des outils de haut niveau et des ressources humaines capables d’analyser et de vous dire les doses contenues dans le riz que nous mangeons et importé du Moyen-Orient, dans une région où sévit des radionucléides artificiels du fait des accidents nucléaires et des bombes atomiques et nucléaires reçues dans le passé.
Nous devons normalement contrôler ce riz avant de le mettre dans le marché », renseigne le Directeur de l’ITNA. En plus de veiller au grain sur ce que les Sénégalais mangent et qui viennent de l’extérieur, l’Itna se penche aussi sur ce qui est cultivé sur le territoire national. Il propose des technologies qui permettent de connaitre la nature des sols. « Le Sénégal est un pays agricole. Nous vivons d’agriculture et nos sols s’appauvrissent de jour en jour. Il va falloir, pour régler ce problème-là, faire appel aux technologies nucléaires. Pour avoir un bon rendement, il faut une bonne cartographie des sols. Il faut faire des analyses physiques et savoir les nutriments qui manquent dans telle et telle zone pour y apporter des solutions. Et les technologies nucléaires sont aujourd’hui, la technologie innovante pour parer à cela », a fait savoir M. Niasse.
« Malheureusement, des sociétés minières extractives qui sont dans le phosphate, dans le ciment, dans l’or, dans le zircon, dans le pétrole même et le gaz, exploitent des ressources au fond du sous-sol. Et, lors ces exploitations, il y a des radionucléides, ou encore des radioéléments qui ont une certaine activité naturelle et qu’ils font remonter à la surface. Et après avoir exploité, ils les laissent dans l’environnement. Alors, on pourrait les retrouver dans le sous-sol, dans l’eau, dans les végétaux, dans les récoltes à une certaine dose non contrôlée, nuisible à la santé humaine et animale. Il va falloir mettre en place un système de contrôle régulier suivi par les industriels. C’est vrai qu’il y en a une Autorité de réglementation, l’ARSN qui contrôle et autorise des sources au Sénégal suivant la loi 2021 mais certaines normes ne sont pas encore prises en compte au Sénégal», explique M. Niasse.
Le Directeur de l’Itna a déploré le manque d’équipements et de ressources qualifiées pour accomplir certaines tâches et souhaiterait que les Autorités accompagne l’ITNA à former davantage de ressources humaines avec l’accompagnent de l’AIEA. « Il faut saluer le fait de nous convier à ce salon et de nous permettre de porter cette information-là au public. Les étudiants, les élèves sont appelés à s’orienter, à choisir une filière. Pour faire un choix, il faut une bonne connaissance des offres de formation. Il faut connaître les filières, les besoins et les débouchées », dit-il. Il estime que cette initiative du Ministre de l’Enseignement supérieur est à saluer. « C’est une excellente idée de faire connaître aux élèves les choix, à leurs parents les différentes opportunités de formation qui existent au Sénégal mais aussi, d’amener les acteurs pour qu’ils leur parlent des filières pour qu’ils puissent faire des choix qui répondent aux besoins du pays », note le Directeur de l’ITNA.
« Notre pays a besoin des ressources humaines qualifiées dans des domaines spécifiques comme le nôtre », a indiqué Prof. Oumar Absatou Niasse. Pour atteindre les objectifs visés par l’Etat, notamment dans la Vision 2050, le Pr Niasse estime qu’il urge que les élèves s’engagent davantage dans les filières scientifiques. « Il faut arrêter de diaboliser la science et les maths. Les mathématiques ce sont des outils indispensables pour l’acquisition du savoir. Donc il faut que les élèves aiment la science, l’embrassent comme ils le font avec les smartphones. Parce que tout ce qui est derrière leur téléphone, c’est de la science, c’est de la technologie. Les mathématiques ne sont pas compliquées, de même que la physique. C’est dans la vie qui nous entoure », a-t-il indiqué.
Le Directeur de l’Itna encourage l’organisation d’événements comme l’UniverSalon à travers le pays. « Nous avons aussi en tant qu’universitaire un service à rendre à la communauté et ces genres d’initiatives entrent dans ce cadre. Nous devons aller vers la communauté. Nous nous sommes dit que nous ne devons plus rester dans nos laboratoires, être des universitaires à part entière et faire notre carrière. Alors, l’université doit être vraiment d’utilité publique. Cela fait parti des orientations que le Recteur Pr Alioune Badara Kandji à partager avec nous lors de son premier conseil académique. Alors je trouve qu’ organiser ce genre de salon c’est quelque chose de bien pour que les gens puissent être informés et faire bien leur choix », a déclaré le Pr Oumar Absatou Niasse.