À Keur Massar, avant la levée du mot d’ordre de grève des concessionnaires du nettoiement, les populations cohabitaient avec les saletés. A Diamalye 2, les véhicules de ramassage croulant sous les ordures étaient stationnés à l’entrée du quartier, qui se situe à quelques mètres de la décharge de Mbeubeuss.
Des concessionnaires du nettoiement ont observé 5 jours de grève, du lundi au vendredi. Ils réclament à l’État du Sénégal plus de 15 milliards de FCfa d’arriérés de paiement. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le quotidien des populations. À Keur Massar, précisément au quartier Malika Montagne, non loin de Mbeubeuss, certains fustigent ce mouvement d’humeur et exhortent les autorités étatiques à trouver une solution. Cette grève a déjà laissé des séquelles dans cette partie de la banlieue où beaucoup de poubelles ne sont pas vidées. Boutiquier et habitant du quartier Diamalaye 2, Mame Thierno Ndiaye montre son courroux total face à cette situation qui, risquait d’impacter négativement la santé des populations, dit-il, jeudi, veille de la levée du mot d’ordre de grève. D’après lui, du fait de la proximité de leur quartier avec la décharge de Mbeubeuss, ils sont très impactés. « Depuis le début de la grève, des voitures de ramassage d’ordures sont stationnées à l’entrée de notre quartier avec ce que cela englobe comme saleté et mauvaise odeur », soutient le jeune boutiquier qui souhaite une reprise rapide du travail par les concessionnaires.
Coumba Sarr, la soixantaine, abonde dans le même sens. Teint clair, âge un peu avancé, elle est une militante des causes environnementales, selon ses voisins. Coumba était dans tous ses états, déplorant avec la dernière énergie ce différend entre l’État et les concessionnaires du nettoiement qui, d’après elle, n’arrange pas du tout les populations. « Cela fait trois jours que j’ai constaté que les voitures de ramassage d’ordures ne viennent plus dans le quartier. Et nous n’avons nulle part où déposer nos déchets, et cela n’est pas sans conséquence sur l’hygiène dans les maisons parce que les gens sont obligés de cohabiter avec la saleté. Ce qui n’est pas normal », lance-t-elle. Selon la vieille dame, en cette période de l’hivernage, avec les immondices qui pullulent dans les coins et recoins du quartier, les maladies peuvent toquer à leur porte. Tout comme son voisin Thierno, elle dénonce le stationnement continue des voitures de ramassage d’ordures dans leur quartier.
Un mouvement, des humeurs
Aux alentours de Mbeubeuss, la circulation est fluide en cette matinée du jeudi 11 septembre. Mais un fait attire l’attention. Plusieurs voitures de ramassage d’ordures trouvent refuge au bas-côté de la route. Le rythme des voitures de ramassage d’ordures qui faisaient des va-et-vient incessants pour relier la décharge, connaît une baisse de régime. À l’entrée du quartier Diamalaye 2, la présence d’un grand nombre de voitures sans chauffeur renseigne à suffisance sur l’ampleur de la grève. Une odeur pestilentielle titille les narines. Les déchets plastiques, entre autres immondices, jonchent le sol.
Dans un coin poussiéreux du quartier, des camions de ramassage de déchets stationnent en enfilade, occupant presque tout l’espace. Leurs carcasses massives, parfois cabossées et couvertes de traces d’immondices séchées, donnent l’impression d’un dépôt improvisé. Sous le soleil de plomb, les bennes entrouvertes laissent échapper des effluves lourds et pestilentiels qui imprègnent l’air ambiant et incommodent les riverains. Autour d’eux, les passants se couvrent le nez, tandis que l’espace encombré devient difficilement praticable pour les piétons comme pour les véhicules.
Non loin de Mbeubeuss, sur l’allée qui mène à la station Mtoa, une femme vendeuse de petit déjeuner installe sa table près du trottoir. Sous couvert de l’anonymat, elle déplore cette situation. Depuis trois jours, dit-elle, un camion de ramassage d’ordures est garé sur la chaussée, juste à côté de l’endroit où elle installe ses marmites fumantes et ses thermos. La peinture écaillée de la benne laisse apparaître des couches de rouille. De nombreux sacs débordants y sont accrochés. Autour du véhicule, des mouches virevoltent en nuées incessantes, attirées par les restes de déchets coincés entre les ridelles. Une odeur âcre et nauséabonde s’échappe du camion. Les passants, nez plissé, contournent la l’endroit. « Chaque jour avant de m’installer, je balaie pour rendre propre le lieu. Mais les habitants du quartier, du fait de la grève des concessionnaires du nettoiement, viennent déposer leurs ordures. Ce camion est garé ici depuis plus de 3 jours, et par manque de solution, les populations l’utilisent comme dépotoir d’ordures », fait-elle savoir.
Bada MBATHIE