Le site du barrage de Diama, à Saint-Louis, abrite, depuis hier, un atelier régional sur l’innovation, la résilience climatique et la prévention des inondations dans le Bassin du fleuve Sénégal. Il a été révélé au cours de cette rencontre de deux jours que 2.700 hectares de terre ont été inondés lors de l’hivernage 2024, entre Podor, Matam et Kanel.
Le taux élevé de pluviométrie pendant l’hivernage 2024 a provoqué des inondations sans précédent dans le bassin du fleuve Sénégal. Elles ont touché 500 localités dont 300 au Sénégal, une soixantaine en Mauritanie et un peu au Mali et en Guinée. Ces inondations ont entrainé des pertes énormes de périmètres agricoles. Le rapport sur les inondations de 2024 partagé avec les participants révèle que 2.700 hectares ont été inondés dans les départements de Podor, Matam et Kanel. Elles ont également engendré des dommages économiques estimés à plusieurs milliards de FCfa. Une situation qui a motivé la tenue, hier, d’un atelier de deux jours à Saint-Louis, précisément à Diama.
Réunissant des chercheurs, experts, innovateurs, acteurs communautaires et représentants d’institutions internationales, la rencontre se veut un cadre d’échanges sur les enjeux et perspectives du Bassin du fleuve Sénégal face au changement climatique. Elle est initiée par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) et le Pôle mondial d’innovation de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ugih/Ccnucc). Le thème porte sur : « Bassin du fleuve Sénégal : espace d’opportunité pour la résilience climatique, l’emploi et l’innovation ». L’atelier vise à diagnostiquer les vulnérabilités du bassin, à identifier des solutions innovantes et climato-intelligentes dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie et de la gestion des écosystèmes et de l’économie verte.
Il s’agira aussi, pour les participants, de voir comment renforcer l’implication des jeunes et des femmes dans la coopération régionale et l’innovation, comment présenter un plan d’alerte actualisé contre les inondations, mais aussi comment favoriser l’émergence de partenariats et de mécanismes de financement pour des projets structurants. Dans son allocution à l’ouverture de l’atelier, le haut-commissaire de l’Omvs est revenu sur le rôle important du barrage de Diama dans la résilience et l’innovation face au changement climatique. « Le thème sonne bien, particulièrement dans cette région qui avait subi, l’année dernière, des inondations jamais connues depuis une dizaine d’années. C’est grâce à la vision et aux ouvrages que l’Omvs a construit que nos États ont pu faire face aux évènements extrêmes à travers une gestion concertée entre les États et les barrages de Manantali et de Diama », a déclaré Mohamed Abdel Vetah.
Il a réitéré la volonté de l’organisation qu’il dirige de voir avec les communautés, experts et partenaires, les perspectives du bassin du fleuve Sénégal. M. Vetah est aussi revenu sur la vision 2050 de l’entité pour mettre à profit le potentiel économique et le rôle stratégique du bassin. « L’Omvs est reconnue comme un modèle international de gestion intégrée avec ses ouvrages, ses projets, le barrage de Manantali, l’énergie produite, les projets d’adduction en eau potable. Mais avec les changements climatiques, la récurrence des évènements extrêmes, il devient important de réinventer, de consolider le modèle de l’Omvs », a-t-il ajouté.
Pour Massamba Thioye, chef du Pôle mondial d’innovation de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ugih/Ccnucc), les bassins fluviaux jouent un rôle important dans le développement durable, dans la prévention des phénomènes naturels. Il souligne que cette collaboration avec l’Omvs va permettre d’utiliser l’innovation pour servir les communautés autour du bassin du fleuve Sénégal.
Jeanne SAGNA (Correspondante)