Logée au cœur du Delta du Saloum, notamment dans la commune de Toubacouta, la forêt de Sangako, peu connue des Sénégalais et des touristes, présente de nombreuses espèces, tant sur le plan faunique que floristique. C’est ce qu’a indiqué le chef de la Brigade des Eaux et Forêts de Toubacouta, le Sergent Maguette Diouf, dans un entretien avec Le Soleil Digital.
Pouvez-vous revenir sur une brève présentation de la forêt de Sangako ?
La forêt de Sangako a été créée avec l’arrêté 25-37 du 26 octobre 1932. Elle couvre une superficie de 2140 hectares. Mais c’est une forêt aménagée depuis juin 2016, avec l’Organisation non-gouvernementale (Ong) Nébéday et toute la population de Toubacouta, surtout les villages environnants. Ils sont au nombre de 14, à gérer la forêt grâce à un protocole d’accord signé par l’actuel maire de Toubacouta et le service des Eaux et Forêts.
La forêt de Sangako présente beaucoup d’espèces que ce soit fauniques et floristiques. En ce qui concerne les espèces fauniques. On a les pélicans, les cigognes, les hérons garde-bœufs, les vautours et les perroquets. Mais, aussi il y a le python, les singes, que ce soit les petits singes et les grandes chasseuses comme le babouin de Guinée. Concernant les espèces floristiques, il y a le caïlcédrat, le fromager, le cordyla communément appelé «dimbeu » en wolof. Il y a aussi les arbustes comme le ratt et d’autres espèces.
Par rapport aux singes, ils causent beaucoup de dégâts aux populations en détruisant leurs champs et récoltes. Selon ces dernières, il y a un projet prévu pour les déplacer dans les autres forêts à travers le pays. Qu’en est-il réellement ?
Les singes en question sont des babouins de Guinée. Ils ont été introduits dans la forêt il y a de cela quelques années. Mais, leur population s’accroît de façon importante, à tel point qu’ils ont commencé à dépasser toutes nos espérances. Maintenant, le projet qui les avait introduits, n’est pas le même qui va les soustraire. Parce que vous savez que quand il s’agit d’introduire, c’est le ministère de l’Environnement qui s’est chargé de le faire.
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Même quand il s’agit de retirer ou bien de déplacer des espèces, c’est très encadré. Et cela n’entre pas dans les compétences du service des Eaux et Forêts. Cela nécessite d’abord une étude scientifique, très technique également. Peut-être que nos supérieurs sauront comment y arriver. Parce que c’est une forêt aménagée. Mais pour le moment, on n’a pas encore fait un inventaire du nombre des babouins de Guinée présents dans la forêt classée de Sangako.
Et quelles sont les menaces qu’il y a sur la forêt ?
Il y a deux principales menaces qu’on trouve dans la forêt. C’est l’empiètement et les feux de brousse, qui peuvent ravager les plantes qui sont plantés ou reboisés, mais aussi les arbres sauvages.
Est-ce que la coupe de bois constitue une menace pour la forêt ?
Pour la coupe, on n’est pas trop menacé. Depuis juin 2016, on a aménagé la forêt et il n’y a plus de coupe abusive. Cela a été fait en en trois blocs, avec l’aide de Nébéday, qui est un partenaire financier et technique, qui nous accompagne, surtout dans la gestion de la forêt.
Et qu’en est-il du braconnage ?
La forêt est bien surveillée. Il n’y a plus de braconnage encore moins de touristes pour des visites. Maintenant, en ce qui concerne la périphérie, des fois on observe du braconnage. Parce que ce sont des zones aménagées.
Propos recueillis par Mariama DIEME et Arame NDIAYE – Images : Moustapha Djamil Thiam