À Bandia, les guides sont unanimes. Les visites se suivent mais ne se ressemblent pas. Chacune a une connotation particulière. Babacar Diop, secrétaire général du collectif des guides, a vu grandir la réserve.
Pas seulement en surface, mais aussi en terme de hausse du nombre d’espèces d’animaux et de visiteurs. « Je suis arrivé en 2003 à la réserve pour intégrer le collectif des guides après trois mois de stage. Ce fut difficile comme tout début, mais avec l’accueil et l’aide des anciens, je me suis intégré rapidement », explique Babacar Diop. Selon lui, la vie du guide n’est pas de tout repos surtout en ce qui concerne la coordination, la gestion et l’organisation des visites des grands groupes qui viennent avec des centaines de touristes. « Des fois, explique-t-il, il nous arrive de travailler un mois sans répit surtout en haute saison. » La raison, indique Babacar Diop, est due à la forte demande, sans compter les conditions climatiques souvent très sévères. « Parfois, nous sommes exposés aux fortes canicules, au froid, au vent mais surtout aux pluies car non seulement on visite sous de grosses gouttes d’eau et il y a beaucoup d’embourbement car le terrain est très boueux », fait-il savoir.
Mais ces aléas sont loin de réfréner son ardeur. « Je suis passionné par mon métier, donc je gère ; même si cela a beaucoup impacté ma vie. Cependant, mon métier m’a permis de m’ouvrir au monde, de rencontrer des visiteurs venant de tous les continents, de tisser des amitiés avec des autorités aussi bien locales qu’étrangères. Mais aussi de rencontrer de merveilleux collègues guides aussi bien à l’interne qu’à l’externe et de renouer le contact avec des amis, des camarades de classe et des connaissances perdues de vue depuis fort longtemps », fait-il savoir.
Ce qui est merveilleux dans ce métier, explique Babacar, c’est que les visites se suivent et ne ressemblent pas. « Tu finis avec des francophones pour enchaîner avec des anglophones avec un circuit différent dans la mesure où les animaux se promènent quand ils veulent et où ils veulent. Et chaque visiteur apprécie le tour à sa manière. D’aucuns sont là pour la faune et d’autres pour la flore. Cependant, il arrive de passer de grands animaux comme les girafes et les rhinos tandis que les uns s’émerveillent, d’autres se focalisent sur de petits oiseaux dont on peine à apercevoir », note-t-il.
Ibrahima Sow, qui fait office de guide depuis 1997, garde, lui aussi, de beaux souvenirs de Bandia. « Parmi les choses qui m’ont marqué figure l’évolution de la réserve, le contact avec toute sorte de personnalités. Je me rappelle comme si c’était hier la visite du président Abdoulaye Wade, Macky Sall n’était pas encore chef de l’Etat, du président de la République tchèque, Václav Klaus, de Serigne Bara Mbacké pour ne citer que ceux-là », indique-t-il. Le charme de la réserve de Bandia, renseigne Babacar Diop, c’est le contraste entre les deux saisons. « Si on passe de la saison sèche à la saison des pluies, on a l’impression de visiter deux réserves différentes », assure-t-il.
S. Oumar FALL