Traditionnellement, les partis au pouvoir comptaient sur la générosité du leader ou du chef de parti (le président de la République) qui dispose des fonds politiques, pour financer leurs activités. Le parti Pastef, de son côté, a décidé d’innover en matière de financement avec des cagnottes en ligne, meeting de fundraising (levée de fonds) et dons de militants.
Ces nouvelles méthodes de financement participatif pour les activités de son parti sont devenues sa marque de fabrique depuis sa création en 2014. Ainsi, les militants et sympathisants ont été mis à contribution lors de la campagne présidentielle de mars 2024 ainsi que lors des élections législatives anticipées de 17 novembre 2024. Ousmane Sonko, la tête de liste de Pastef avait indiqué que le parti n’allait prélever aucun centime des caisses de l’Etat pour financer sa campagne. « Ce que nous avons réalisé aujourd’hui, c’est du patriotisme. Nous n’avons pas utilisé les moyens de l’État pour financer notre campagne, car nous avons la capacité de nous financer nous-mêmes. Ce modèle de financement innovant est ce qu’on appelle un ‘’patriot bond’’ », a déclaré Ousmane Sonko.
Dans cette optique, le parti a organisé un meeting de fundraising Dakar Arena, samedi 19 octobre dernier, en vue des législatives de novembre 2024. Pour assister à cette manifestation, chaque militant a dû débourser au moins mille FCfa (et jusqu’à 1 million de FCfa pour les ministres) représentant la contribution à l’effort de guerre. L’opération a permis de réunir 500 millions de FCfa en quelques heures, selon le leader qui a fixé à un milliard de FCfa l’objectif final de cette collecte. Parallèlement, une cagnotte a été lancée en ligne et les contributions s’élevaient à un peu plus de 80 millions de FCfa au dernier décompte du mercredi 23 octobre à 18h. Pour Ayib Daffé, Secrétaire général du Pastef, il s’agit surtout d’éviter le syndrome qui frappe de nombreux partis politiques au pouvoir en Afrique. « Nous avons jugé nécessaire de rééditer cette tradition pour éviter la corruption et le détournement des deniers publics », a-t-il déclaré dans les colonnes du journal BBC Afrique. Pour Ibrahima Bakhoum, journaliste, ce système de financement du Pastef doit être la norme pour tout parti politique au Sénégal. « La carte de membre d’un parti doit être monnayable. Si on demande aux militants de participer à cet effort ça ne peut que renforcer leur attachement à leur parti. Mais ce nouveau mode de financement ne doit pas servir d’écran de fumée et éviter de mettre fin à l’opacité dans le financement des partis politiques », affirme-t-il.
PS, les cotisations et contributions des militants comme base de financement
Dans l’univers des partis traditionnels, le Parti socialiste (Ps) semble être un cas singulier. La maison du parti Léopold Sédar Senghor a toujours voulu mettre en avant les contributions de ses militants pour assurer son fonctionnement. Selon, Cheikh Sadibou Sèye, secrétaire permanent du Ps, le parti fidèle à cette longue tradition entend toujours cultiver son autonomie dans son financement. « Nos finances reposent sur l’apport de nos militants qui procèdent de manière périodique à la vente de cartes de membre du parti qui coute 500 FCfa. En outre, nous avons cédé en bail une partie de notre espace foncier dans le domaine de la maison du parti sur lequel une station-service a été construite. Cette station a été louée à une entreprise exploitante. Cette opération nous rapporte chaque année près de 40 millions de FCfa et nous permet de subvenir aux dépenses fixes et d’assurer le fonctionnement de la permanence et de subvenir aux besoins du personnel. À l’occasion des grands évènements politiques, on fait appel à la contribution de nos camarades responsables politiques pour mener à bien nos activités », affirme-t-il.
Mamadou Makhfouse NGOM