Des ressources humaines et financières conséquentes, des systèmes de santé résilients, une production locale de vaccins et de médicaments sont, entre autres, nécessaires pour passer à la souveraineté sanitaire en Afrique. Un sujet au cœur de l’édition 2025 du Forum Galien Afrique lancé, hier, à Dakar.
La souveraineté sanitaire, thème central de la 8e édition du Forum Galien Afrique, est « un impératif pour l’Afrique », soutient le Pr Awa Marie Seck, présidente de l’Association Galien Afrique, initiatrice du rendez-vous et du prix éponyme qui en est à sa 5e année. Hier, lors du lancement de cette rencontre qui se déroule à Dakar, du 28 au 31 octobre 2025, elle a défini ce concept comme « la capacité nos pays, de définir nos priorités, de financer les systèmes, de produire localement, que ce soit des médicaments comme des vaccins, mais également de valoriser nos chercheurs, nos savoirs et nos talents ». Malheureusement, l’écrasante majorité des pays africains continue d’importer les médicaments et les vaccins dont moins de 2 % sont produits dans le continent. Toutefois, Mme Seck précise que la souveraineté sanitaire n’est pas un repli sur soi. Elle « n’est pas synonyme d’isolement », renchérit Abdourahmane Diallo de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Au contraire, elle nécessite une action collective, comme mentionné par Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal. C’est pourquoi, le Pr Awa Marie Coll Seck, ancien ministre de la Santé du Sénégal, estime que « c’est à l’échelle du continent que nous devons unir nos forces, mutualiser nos ressources, partager nos expériences et bâtir une solidarité sanitaire africaine ». Cela, dans la mesure où aucun pays ne peut accéder seul à la souveraineté sanitaire.
Dans le même sillage, note M. Diallo, cette ambition appelle « une interdépendance plus intelligente où l’Afrique s’approprie ses priorités et établit des partenariats alignés sur celles-ci ». Cette stratégie repose, selon lui, sur quatre piliers : « le financement, l’autosuffisance, la solidarité régionale et un système de santé résilient ». Pour matérialiser la souveraineté sanitaire, l’Afrique doit, entre autres, faire face au déficit criant de ressources humaines en santé, au chômage qui touche les professionnels. Elle doit également faire des soins de santé primaires, un pilier essentiel de son système de santé. Tout comme investir dans « des chaînes d’approvisionnement optimales décentralisées et des plateformes numériques innovantes pour assurer et maintenir la comptabilité des soins et services de santé », indique Abdourahmane Diallo de l’Oms. Il est aussi d’avis que « le financement de la préparation contre les urgences doit être institutionnalisé et les capacités essentielles requises au titre du règlement sanitaire international intégré dans les plans nationaux de santé ».
Par Maïmouna GUEYE

