À l’initiative du Centre de suivi écologique (Cse), un « Ndekki GéoSénégal » a réuni, hier à Dakar, des experts du spatial et des décideurs institutionnels. Cette rencontre matinale, en prélude au Forum AfriGeo 2025, a permis de partager des outils, services et perspectives pour renforcer l’intégration de la géomatique dans les politiques publiques.
Le Centre de suivi écologique (Cse) a accueilli, mardi 22 juillet, dans ses locaux, la deuxième édition du « Ndekki GéoSénégal », rencontre conviviale et stratégique dédiée aux données géospatiales. Ce format matinal d’échanges techniques s’inscrit dans le processus de mobilisation nationale en vue du Forum AfriGeo 2025, que le Sénégal organisera pour la première fois du 7 au 9 octobre prochain, à Dakar. Ce rendez-vous, initié par la communauté GéoSénégal et le Groupe interinstitutionnel de concertation et de coordination en géomatique (Gicc), entend stimuler la collaboration entre institutions publiques, secteur privé, société civile et monde académique.
« Ce sont des échanges fertiles, dans un format informel mais stratégique, pour partager nos expertises, croiser nos approches et bâtir ensemble une géomatique au service du développement », a résumé Cheikh Mbow, directeur général du Centre de suivi écologique. Selon lui, face aux enjeux climatiques, fonciers et agricoles, les données géospatiales s’imposent comme un levier stratégique. C’est dans ce contexte, a-t-il fait savoir, que le Cse a exposé plusieurs services développés à partir de données issues notamment du nanosatellite sénégalais GaïndéSat : cartographie du cadastre agricole, suivi des eaux stagnantes utiles au pastoralisme et indicateurs pour la surveillance des zones humides. « Sans services concrets, la géomatique aura du mal à prospérer. Ce sont ces applications qui parlent aux décideurs », a insisté M. Mbow.
Démarche inclusive et pragmatique
Soutenu par la coopération française à travers le projet Sen Spatial, ce programme s’inscrit aussi dans la stratégie nationale du Sénégal en matière d’innovation et de gouvernance territoriale. Il répond à un besoin : transformer les données massives en informations exploitables, partagées et utiles pour la planification.
Directeur général de Sénégal Numérique Sa et président du Gicc, Isidore Diouf a rappelé, dans sa prise de parole, l’importance d’ancrer ces rencontres dans la durée. « Il nous faut un cadre d’échange pérenne, adossé à des actions concrètes. Le développement repose sur une maîtrise rigoureuse de nos espaces et des données fiables pour le soutenir », a-t-il souligné. Sa structure entend jouer un rôle structurant dans l’hébergement et la gestion des infrastructures liées aux données spatiales. Pour lui, l’objectif principal est de passer à l’action : « Et le gouvernement, à travers justement cette politique de développement des territoires, tient beaucoup à ce que ces aspects-là soient mis en œuvre. » Et d’ajouter : « Le Gicc a démontré sa volonté d’être vraiment un acteur clé de la mise en œuvre de la stratégie 2050. »
La démarche se veut inclusive et pragmatique. Chaque « Ndekki GéoSénégal » permet de mettre en lumière les initiatives d’un acteur hôte, tout en approfondissant la réflexion collective sur les outils et stratégies nécessaires à la souveraineté géospatiale. Et surtout, elle prépare activement le Forum AfriGeo de Dakar (7-9 octobre), une première dans un pays francophone, après le Ghana, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.
Le Forum représentera, selon les organisateurs, une étape clé pour positionner le Sénégal comme leader africain dans l’usage stratégique du géospatial. D’ici là, le Gicc entend multiplier ces rencontres, produire des feuilles de route et renforcer la culture du partage des données. Comme l’a souligné Cheikh Mbow dans son intervention, « il ne s’agit pas simplement de collecter des données, mais de les transformer en intelligence territoriale au service de la transformation sociale ».
Adama NDIAYE