Pour marquer la première année de Pape Thiaw à la tête des Lions, Le Soleil consacre une série spéciale à son parcours, ses choix et son empreinte sur la sélection nationale. Ce jeudi, gros plan sur les dessous de son bail avec la Fédération : les clauses clés – et parfois méconnues – du contrat du sélectionneur.
Nommé d’abord à titre intérimaire en octobre 2024, avant d’être confirmé deux mois plus tard, Pape Thiaw a signé un contrat de deux ans avec l’État du Sénégal, sur proposition de la FSF. Ce bail, qui court jusqu’en 2026, n’est pas une simple reconnaissance de son travail, mais un contrat à objectifs clairs et exigeants : qualifier le Sénégal à la Coupe du monde 2026 et remporter la CAN 2025 au Maroc.

Sur le plan financier, il perçoit 13 millions de FCFA par mois, plus une prime équivalente à 200 % de celle des joueurs en cas de victoire. Un cadre qui traduit la confiance placée en lui, mais aussi la responsabilité de porter les ambitions d’un pays champion d’Afrique en 2022. Deux missions d’envergure, synonymes de confiance… et de pression.
Le Mondial, un objectif à portée de main
Sportivement, Pape Thiaw est bien parti pour atteindre son premier défi : qualifier le Sénégal pour la quatrième Coupe du monde de son histoire. Avec un groupe solide, un vivier de talents exceptionnel et une stabilité tactique retrouvée, les Lions occupent une position favorable dans leur groupe éliminatoire.
Ancien international et membre de la génération 2002, il a su tirer profit de l’héritage d’Aliou Cissé tout en imposant sa touche avec un management plus souple et un jeu plus audacieux. Sous sa direction, les Lions ont retrouvé fraîcheur, enthousiasme et ambition offensive. Cette qualification, désormais en bonne voie, renforcerait la légitimité du technicien, mais le plus dur reste à venir : la CAN 2025.
La CAN 2025, un Everest à gravir
C’est sur ce deuxième objectif que se jouera l’avenir du sélectionneur. Remporter la CAN face à des nations ambitieuses comme le Maroc, pays hôte ou la Côte d’Ivoire, championne en titre, représente un immense défi. Pourtant, Pape Thiaw a déjà prouvé qu’il savait déjouer les pronostics, comme en 2023, lorsqu’il mena l’équipe locale au sacre historique du CHAN en Algérie. Un triomphe qui avait révélé un coach calme, méthodique et stratège.
Conscient du poids des attentes, il aborde cette échéance sans peur : « Je crois fermement que cette équipe peut aller chercher un deuxième sacre continental », confiait-il récemment. Mais il sait aussi que sans titre au Maroc, son bail pourrait s’arrêter prématurément, le contrat étant fondé sur des objectifs stricts.
Vers une révision des objectifs ?
Dans ce contexte, atteindre les demi-finales de la Coupe d’Afrique pourrait suffire à le maintenir en poste jusqu’au Mondial 2026. La ministre des Sports, Khady Diène Gaye, ne l’entend pourtant pas de cet oreille. « La qualification au Mondial 2026 fait partie des clauses du contrat, tout comme la victoire à la CAN. C’est ce qui a été signé, et c’est clair. », avait-t-elle martelé dans une récente sortie médiatique.

Une piqûre de rappeel qui confirme que ces deux objectifs guideront toute évaluation. Néanmoins, le ministère comme la Fédération privilégient la stabilité à quelques mois du Mondial (11 juin – 19 juillet 2026). Changer de sélectionneur serait un pari risqué, alors que les Lions semblent avoir retrouvé confiance et équilibre.
Lucide, Pape Thiaw sait que dans ce métier, seuls les résultats parlent. Tant que l’équipe avance, il reste maître de son destin. Une bonne CAN au Maroc lui permettrait sans doute de poursuivre sereinement son travail et d’ancrer son projet dans la durée. Aujourd’hui, il incarne l’espoir d’un nouveau souffle pour l’équipe nationale du Sénégal, mais son avenir sur le banc reste suspendu aux performances de son équipe.
Par Cheikh Gora DIOP