Près de quarante ans après sa dernière organisation en 1988, le Maroc s’apprête à accueillir de nouveau la plus prestigieuse compétition du continent africain, du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Plus qu’un simple retour, cette 35ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations s’annonce comme un tournant majeur dans l’histoire du football africain.
Chargé de symboles, l’événement doit permettre au royaume chérifien de démontrer sa capacité à organiser une compétition continentale aux standards mondiaux, en s’appuyant sur des infrastructures modernes, une expertise reconnue et une vision assumée de la diplomatie sportive. À un peu plus de quatre ans de la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, cette CAN apparaît comme une répétition générale, un test grandeur nature de son savoir-faire logistique, sécuritaire et organisationnel.
La CAN de tous les records
La CAN 2025 s’inscrit dans un contexte d’évolution rapide du football africain. Les fédérations investissent de plus en plus dans la formation, les infrastructures et la professionnalisation des staffs techniques. Le Maroc, pionnier dans ce domaine, a longtemps servi de modèle grâce à son système structuré autour de l’Académie Mohammed VI et de clubs régulièrement performants sur la scène continentale.
La Confédération africaine de football (CAF) entend capitaliser sur cette édition pour mettre en valeur un nouveau visage du football africain : plus compétitif, mieux organisé et pleinement connecté aux standards internationaux. Cette ambition se traduit déjà par une série de records historiques, jamais atteints dans une CAN.
L’édition marocaine établit ainsi des records de billetterie, aussi bien sur le continent africain qu’en Europe, témoignant de l’attractivité croissante de la compétition auprès des diasporas et du public international. Elle bat également des records de sponsoring et de revenus générés avant même le coup d’envoi, signe d’une CAN devenue un véritable produit économique global.
Sur le plan des infrastructures, la CAN 2025 affichera la plus grande capacité totale et moyenne de stades jamais enregistrée, ainsi qu’un nombre record de pays diffuseurs partenaires, confirmant son rayonnement mondial.
Pour la première fois de son histoire, la Coupe d’Afrique des nations se déroulera entre décembre et janvier, un calendrier inédit dicté par des impératifs climatiques et logistiques. Ce choix pose néanmoins des défis sportifs majeurs, notamment pour les joueurs évoluant dans les grands championnats européens, contraints de composer avec la fatigue, les blessures et des déplacements longs en pleine saison.
La CAN des grandes premières technologiques
Sur le plan organisationnel, la CAN 2025 accumule les premières historiques. Elle sera la première CAN organisée avec neuf stades, et la première où chaque sélection disposera de son propre camp de base, tout en étant hébergée dans des hôtels cinq étoiles, un standard inédit dans l’histoire de la compétition.
L’innovation technologique marque également un tournant. Tous les matchs seront retransmis en HDR, avec l’utilisation systématique de drones, de spidercam et de serveurs Ultra-Motion, garantissant une qualité de diffusion jamais atteinte. Autre innovation majeure : la production audiovisuelle sera entièrement centralisée depuis le pays hôte, sans passer par des plateformes européennes, et la diffusion internationale s’effectuera directement depuis des studios installés au bord des terrains.
À cela s’ajoute une première logistique continentale : un maillage ferroviaire à grande vitesse (LGV) reliant plusieurs villes hôtes, permettant aux supporters d’assister à plusieurs rencontres le même jour, une innovation qui redéfinit l’expérience spectateur.
Au-delà du sport, la CAN 2025 constitue un puissant levier économique et diplomatique. Le Maroc ambitionne de tirer pleinement profit de la compétition pour dynamiser son tourisme, renforcer ses partenariats africains et consolider sa position d’acteur central du continent. Selon le ministère marocain du Tourisme, plus de 200 000 visiteurs étrangers sont attendus, avec des retombées significatives pour l’hôtellerie, le transport et le commerce local.
Sur le plan politique, l’événement confirme le rôle du Maroc comme hub du sport africain et modèle de diplomatie sportive, capable d’allier performance organisationnelle, attractivité économique et rayonnement continental.
Par Cheikh Gora DIOP


