Washington a transmis mercredi 19 novembre à Kiev une nouvelle proposition de paix, suscitant une vive inquiétude du côté ukrainien. Le plan, élaboré sous l’égide de l’administration Trump et rapporté par plusieurs médias américains, reprend de nombreuses demandes formulées depuis des années par Moscou, notamment la cession de territoires occupés et la réduction drastique de l’armée ukrainienne.
Selon un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat, ce texte de 28 points, négocié par Steve Witkoff et plusieurs personnalités proches du Kremlin, prévoit « des concessions majeures », dont l’abandon du Donbass partiellement occupé par les forces russes. Pour Kiev, une telle démarche serait un geste de capitulation, alors que des négociations sur un cessez-le-feu restent à peine esquissées.
Le plan inclut également la reconnaissance de l’annexion de la Crimée et d’autres régions par Moscou, la réduction de l’armée ukrainienne à 400 000 soldats, et la fin progressive de l’aide militaire américaine, notamment les livraisons d’armes de longue portée capables de frapper le territoire russe. Le texte interdit par ailleurs le déploiement de forces étrangères sur le sol ukrainien, écartant la coalition franco-britannique qui soutient Kiev depuis le début du conflit.
Sur le plan culturel, le document propose la reconnaissance du russe comme langue officielle et accorde un statut légal à l’Église orthodoxe russe, une mesure sans précédent depuis la Constitution ukrainienne de 1996. « Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s’il s’agit réellement d’un plan Trump ou de son entourage », précise la source ukrainienne, soulignant l’incertitude entourant l’attitude que la Russie serait censée adopter en retour.
Pour Peer de Jong, ancien colonel des troupes de Marine et vice-président de l’Institut de formation Themiis, « ce nouveau plan a peu de chances de succès en l’état actuel », tant les concessions exigées par Washington correspondent aux exigences maximalistes de Moscou.
À ce jour, la Russie contrôle près de 20 % du territoire ukrainien, incluant la Crimée annexée en 2014 ainsi que les régions de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson, dont le contrôle reste partiel. Depuis son investiture en début 2025, Donald Trump a tenté un rapprochement avec Vladimir Poutine tout en maintenant certaines sanctions, sans parvenir à imposer une véritable inflexion vers la paix.
Alors que les négociations internationales semblent au point mort, la proposition américaine pourrait relancer un débat sensible sur la souveraineté ukrainienne et l’avenir géopolitique de l’Europe de l’Est.

