La capitale économique sud-africaine accueille, les 13 et 14 novembre, un forum mondial des médias du Sud et des think tanks, placé sous le thème « Réformer la gouvernance mondiale : nouveaux rôles et nouvelles visions pour la coopération Chine-Afrique ».
Organisé par l’agence de presse Xinhua, en partenariat avec l’Institut des études africaines de l’Université normale du Zhejiang et d’autres partenaires, l’événement réunit des ministres, représentants gouvernementaux, universitaires, experts des médias et chercheurs venus de plus de quarante pays d’Afrique et de Chine.
Durant deux jours, les participants examinent les enjeux d’une réforme équitable de la gouvernance mondiale, les initiatives sino-africaines en faveur de la revitalisation du Sud global, ainsi que les moyens d’approfondir le dialogue entre civilisations. Lors de la cérémonie d’ouverture, Lyu Yansong, rédacteur en chef de l’agence de presse Xinhua, a rappelé que le monde traverse des transformations historiques majeures, bouleversant les relations entre l’Orient et l’Occident, entre le Nord et le Sud.
Selon lui, la Chine et l’Afrique avancent ensemble dans un esprit de solidarité, partageant les défis et opportunités liés à la mondialisation. « Le président Xi Jinping a placé l’Afrique au centre de sa politique étrangère, renforçant la coopération sino-africaine depuis 2013 », a-t-il indiqué.

M. Lyu a souligné que les médias sont des acteurs essentiels dans la promotion du dialogue entre civilisations et dans la construction d’un monde plus juste et harmonieux. « Les médias portent la responsabilité de témoigner de leur temps et de favoriser le dialogue entre civilisations. Ils doivent unir leurs voix pour promouvoir la création d’une communauté de destin Chine-Afrique au sein du Sud global », a-t-il exhorté. Il a appelé à faire du Sud global une force pour la paix mondiale, un moteur d’un développement ouvert et partagé, un acteur d’une gouvernance équitable et un pilier du dialogue entre civilisations.
Construire un monde plus juste, pacifique et prospère
Le rédacteur en chef de Xinhua a mis en avant les initiatives mondiales du président Xi Jinping dans les domaines du développement, de la sécurité et du dialogue culturel, soulignant leur importance pour la consolidation du partenariat sino-africain.
Il a également évoqué le 25e anniversaire du forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac), prévu en 2026, qui sera, selon lui, l’occasion de renforcer la collaboration dans l’éducation, la culture et la jeunesse.
Soulignant que le monde traverse aujourd’hui des transformations historiques d’une ampleur inédite, il a fait comprendre que l’union des peuples et des médias permettra de construire un monde plus juste, pacifique et prospère, consolidant ainsi la communauté de destin Chine-Afrique. « Ensemble, nous défendons la justice et les intérêts légitimes des pays en développement contre l’hégémonie et les politiques de puissance », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que le rêve commun de modernisation conjointe Chine-Afrique s’inscrit désormais dans un vaste mouvement de renaissance du Sud global.
Se félicitant de l’importance de la rencontre, Dr Iqbal Survé, président d’Independent Media d’Afrique du Sud est revenu sur la redéfinition du rôle du Sud global dans la réforme de la gouvernance mondiale, affirmant que cette région qui représente une force cohésive pour le changement, concentre la majorité de l’humanité, détenant un immense potentiel. « Le partenariat Chine-Afrique est un modèle de collaboration fondé sur le respect mutuel et des objectifs communs visant un ordre mondial plus équitable. Votre participation, vos recherches, vos idées et vos expériences contribueront grandement à enrichir le dialogue et à consolider notre vision commune : celle d’un rôle redéfini du Sud global dans la réforme de la gouvernance mondiale » a-t-il dit.
Il a invité les participants à travailler, ensemble, à approfondir la compréhension mutuelle, à renforcer la confiance et à amplifier les récits qui traduisent les véritables aspirations et réalisations des peuples africains et chinois.
Le Sud global, une force cohésive pour le changement
Dr Iqbal Survé a insisté sur la nécessité de redéfinir le rôle du Sud global dans la réforme de la gouvernance mondiale. « Cette région, qui concentre la majorité de l’humanité, détient un immense potentiel. Le partenariat Chine-Afrique est un modèle de collaboration fondé sur le respect mutuel et des objectifs communs visant un ordre mondial plus équitable », a-t-il souligné.
Il a invité les participants à approfondir la compréhension mutuelle, renforcer la confiance et amplifier les récits positifs reflétant les véritables aspirations des peuples africains et chinois.
Sur la responsabilité du monde médiatique, Dr Survé a déclaré que les récits que nous diffusons et les vérités que nous défendons ont le pouvoir de remettre en question les stéréotypes et de corriger les récits biaisés. Et qu’ensemble, nous pouvons faire en sorte que le Sud global se définisse par lui-même, par ses progrès, son innovation et son unité.

Pour Dada Morero, maire de Johannesburg, le partenariat sino-africain dépasse la sphère politique et s’étend aux domaines économiques, sociaux et culturels. « Les deux parties promeuvent la prospérité partagée, les échanges technologiques et la coopération en infrastructures. Les médias, universités et think tanks jouent un rôle crucial pour renforcer la compréhension mutuelle et la coopération intellectuelle », a-t-il déclaré, saluant la Chine comme « un compagnon de route vers un monde inclusif et durable ».
Pour sa part, Liu Hongwu, directeur de l’Institut des études africaines de l’Université normale du Zhejiang, a insisté sur l’importance stratégique du Sud global dans la gouvernance mondiale.
Il a affirmé que les échanges académiques et médiatiques sino-africains illustrent un dialogue durable et fécond entre les deux continents.
« Pour l’avenir, il est essentiel de consolider la communauté du Sud global, de renforcer la recherche, et de raconter nos histoires avec authenticité », a-t-il déclaré. Le professeur Liu a également défini trois priorités : mettre en œuvre les orientations de Xi Jinping pour consolider la communauté du Sud global, approfondir la recherche sur les médias africains pour favoriser un dialogue éclairé et valoriser les récits locaux à travers une communication académique et institutionnelle sincère.
« Les relations humaines et le rôle des médias sont cruciaux pour l’apprentissage mutuel et la coopération durable », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de former les jeunes talents africains et de renforcer les plateformes de dialogue. Ce forum de Johannesburg s’affirme comme une plateforme stratégique du dialogue sino-africain, au service d’une coopération humaniste, académique et médiatique, pour un Sud global plus fort, plus uni et plus entendu sur la scène internationale.
Wu Peng, Ambassadeur de Chine en Afrique du Sud: « le Sud global est une force essentielle pour la paix et la gouvernance mondiale »
Mettant en lumière la montée en puissance du Sud global, Wu Peng, ambassadeur de Chine en Afrique du Sud, a souligné le rôle croissant de cette région dans l’économie et la gouvernance mondiale. « Le Sud global représente aujourd’hui plus de 40 % du PIB mondial et 80 % de la croissance économique. Il constitue une force essentielle pour la paix et la gouvernance mondiale », a déclaré le diplomate chinois.
Wu Peng a rappelé que la Chine et l’Afrique, unies par une histoire commune de lutte et de développement, forment la colonne vertébrale de ce Sud global émergent. Il a mis en avant trois mots clés structurant la coopération sino-africaine : partenariat, égalité et perspectives. « Pékin demeure un allié sincère de l’Afrique, allant jusqu’à renoncer à certains privilèges commerciaux pour soutenir les économies africaines », a-t-il affirmé, mettant en avant la croissance spectaculaire des échanges économiques et des investissements chinois sur le continent.
Selon l’ambassadeur, cette dynamique a permis la création de plus d’un million d’emplois en Afrique, tout en consolidant les projets conjoints tels que la Belt and Road Initiative, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac).
Wu Peng a enfin réitéré l’attachement de la Chine à la solidarité internationale, au multilatéralisme et à la défense du système onusien, piliers d’un ordre mondial plus équilibré et inclusif. A. DIOP
Leslie Richer, directrice de l’Information et de la Communication de l’UA: «réformer… pour refléter les réalités du 21e siècle et la voix de l’Afrique »
Dans son allocution, Leslie Richer, directrice de l’Information et de la Communication de l’Union africaine, a plaidé pour une réforme profonde de la gouvernance mondiale afin qu’elle intègre pleinement la voix et les aspirations du continent africain. « Il est temps que les institutions internationales reflètent les réalités du XXIe siècle et la voix de l’Afrique, un continent fort de plus d’un milliard d’habitants », a-t-elle déclaré.
Mme Richer a salué le partenariat entre l’Afrique et la Chine, qu’elle considère comme un modèle de respect mutuel et de coopération équilibrée, dans un monde en pleine transition géopolitique et économique.
Selon elle, la coopération sino-africaine doit aller au-delà des infrastructures physiques pour inclure la construction de règles et d’institutions mondiales plus justes. Elle a insisté sur la nécessité d’une participation africaine active à l’élaboration des normes internationales.
« La transformation technologique, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et des infrastructures numériques, est cruciale. L’Afrique doit être co-créatrice et innovatrice pour que ses données, ses traditions et ses valeurs soient intégrées dans la nouvelle ère numérique », a-t-elle exhorté. Elle soutenu que l’Afrique ne doit plus être spectatrice des mutations mondiales, mais acteur central d’une gouvernance internationale renouvelée, fondée sur l’équité, la diversité et la souveraineté des voix du Sud.
Par Amadou DIOP (envoyé spécial à Johannesburg, Afrique du Sud)


