Pour la première fois, les conditions d’exercice du journalisme sont jugées mauvaises dans la moitié des pays du monde, selon le nouveau classement mondial de Reporters Sans Frontières (RSF). Moins de 1% de la population mondiale vit désormais dans un pays où la liberté de la presse est pleinement garantie.
Le classement 2025 de RSF marque un tournant alarmant avec 42 pays désormais classés en zone rouge (contre 36 l’an dernier), signifiant que la liberté de la presse n’y est plus du tout garantie. Parmi les nouveaux entrants dans cette catégorie inquiétante figurent le Kirghizistan, le Kazakhstan, la Jordanie, l’Ouganda, l’Éthiopie, le Rwanda et Hong Kong, dont la situation se rapproche dangereusement de celle de la Chine, considérée comme « la plus grande prison du monde pour les journalistes ».
La précarité économique, principal facteur de dégradation
Si les attaques physiques contre les journalistes restent l’aspect le plus visible, le rapport 2025 met en lumière une réalité plus insidieuse : la précarité économique des médias. Dans plus de 85% des pays, les médias ne parviennent pas à atteindre une stabilité financière. Plus grave encore, dans près d’un tiers des nations, ils sont contraints de fermer ou de s’exiler, comme au Nicaragua, au Bélarus, en Iran ou en Afghanistan.
Les États-Unis en chute libre depuis la réélection de Trump
Aux États-Unis, la situation s’est considérablement détériorée depuis la réélection de Donald Trump. Son administration a coupé les financements de plusieurs médias américains comme Voice of America et gelé les aides internationales soutenant des médias indépendants à travers le monde. Conséquence : 400 millions d’auditeurs privés d’informations fiables du jour au lendemain.
Les géants du numérique et la concentration des médias
Les plateformes numériques, insuffisamment régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires qui devraient normalement soutenir le journalisme. Parallèlement, la concentration de la propriété des médias s’accentue, comme en France où une grande part de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes, réduisant la diversité éditoriale et menaçant l’indépendance des rédactions.
Le message est clair : sans indépendance économique, il ne peut y avoir de presse libre. Et sans presse libre, c’est notre droit fondamental à l’information qui est menacé.