On a beau savoir que la détresse psychologique ne s’affiche pas sur un écran, certains la transforment pourtant en spectacle. Hélas. Sur les réseaux sociaux, elle devient un refrain viral.
Depuis quelque temps, une chanteuse très connue entonne malgré elle la chanson du malaise, transformant Tiktok en scène de confession où s’enchaînent accusations, insultes et théories plus tordues qu’un câble de Senelec un jour d’hivernage. Le public, lui, applaudit avec des cœurs et une compassion discount, comme si un emoji pouvait guérir quelqu’un. Les sites de buzz, chefs d’orchestre du malheur en replay, surgissent en trombe : captures, reposts, amplification. Chaque partage fait vaciller un peu plus l’artiste, tandis que notre société exécute un moonwalk indécent sur la dignité humaine. Pathétique chorégraphie.
Pendant ce temps, le monde de la musique reste muet. Pas une note, pas un communiqué. Pourtant, ce n’est pas la première fausse note : en 2017 déjà, la diva sonnait l’alerte avec des accusations fracassantes. Aujourd’hui encore, on feint la surprise, comme si la pression n’entraînait pas tant de célébrités à marcher sur un fil. Dans ce pays, hélas, même la souffrance finit en tendance. Seule la solidarité semble toujours chercher sa bonne tonalité.
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