Dans la vie, il y a ceux qui voient et ceux qui font semblant de voir. Il y a aussi ceux qui ne veulent rien voir et ceux qui ne voient que ce qui les arrange (c’est comme ceux qui ne veulent comprendre que ce qu’ils veulent comprendre). Il y a quelques années, un puissant ministre de la République, venu assister au lancement du mouvement Agir avec Macky pour le développement de Mbour (Amdem) de Cheikh Issa Sall, a été frappé par la très forte mobilisation qu’il avait trouvée sur les lieux. Il avait alors, sans détour, déclaré : « Quand quelqu’un voit un œuf blanc, qu’il reconnaisse qu’il a vu un œuf blanc ». On ne peut donc nier la réalité, à moins d’être de très mauvaise foi. Sur la liste, il y a ceux qui utilisent leurs yeux pour regarder là où ils ne devraient pas. D’aucuns diront sans hésiter que Dieu a créé les oreilles pour entendre, le nez pour sentir, la langue pour goûter et les yeux pour voir.
Mais, regardons-nous vraiment là où nous devons regarder ? Parfois, le regard est dangereux et peut conduire l’homme à commettre un ou des péchés, car notre œil, corruptible à souhait, est assez souvent trompé par le cœur qui le pousse à toujours chercher du regard l’objet de ses désirs. Et de désirer une chose qui ne lui appartient pas. Comme si l’homme était génétiquement programmé pour être attiré par la gent féminine. Toutes les fois qu’il voit une belle créature, de surcroît ronde, svelte ou plantureuse, il est comme traversé par une décharge électrique. Il fantasme à volonté et ne parvient plus à se retenir. Sans se gêner outre mesure, il mate dans son décolleté ou ses tenues quelquefois provocatrices. Il s’attarde sur sa poitrine, ses jambes, son postérieur, ses yeux, son sourire et aux endroits très stratégiques. Quand il ne peut pas la déshabiller avec ses mains, il ne se gêne pas de le faire avec ses yeux. Il se l’imagine dans des positions obscènes, prend toujours du plaisir sans éprouver le moindre respect pour la femme. Notre professeur de philosophie nous disait souvent que « si le regard pouvait engrosser, beaucoup de filles seraient enceintes ».
Et il n’avait pas tout à fait tort. L’œil pervers ou libidineux ne se rassasie, en effet, jamais de les déshabiller en oubliant qu’il est défendu de regarder, même sans désir charnel et sans volupté, les parties cachées (ou découvertes) des femmes. Mais, quand on vit sous l’influence des mauvaises pensées, il est très difficile d’échapper à la tentation, parfois trop forte. Le regard peut être bon comme mauvais. Cependant, la convoitise des yeux pousse des fois à commettre l’adultère ou encore la « fornication de l’œil », comme le rappelle le Sceau des prophètes dans un hadith rapporté par Boukhari : « Et l’œil commet la fornication, et sa fornication est le regard (illicite) ». Quiconque regarde une femme en la convoitant commet un grand péché. C’est pourquoi il est interdit de jeter sur elle deux regards successifs parce que si le premier regard est pardonné, il n’en est pas de même du second. L’oculométrie nous aurait peut-être édifiés sur les motivations de temps à autre libidineuses de l’homme qui, pour se dédouaner, criera sur tous les toits que l’œil n’a pas d’œillère. Mais, pour ce qui concerne le péché des yeux, l’excuse de provocation n’existe pas, même si dans la plupart des cas, la femme, en s’habillant de façon indécente, n’est pas exempte de reproche. Toutefois, n’appartient-il pas à l’homme de savoir résister à la tentation et de maîtriser ses pulsions ? Surtout que dans la sourate « An-nur » (la lumière), le Seigneur rappelle au verset 30 : « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font ».
Plutôt que de chercher à se justifier, il gagnerait plus à maîtriser ses regards et à éduquer ses yeux qui ne connaissent presque aucun interdit. Il nous faut donc apprendre à tout prix à discipliner notre regard, à le détourner de tout ce qui pourrait nous nuire. À défaut, être comme un aveugle pour lutter contre la convoitise des yeux puisque l’œil conduit soit au salut soit à la perte. samba.oumar.fall@lesoleil.sn

