Excédés par 16 années d’immobilisme et de gouvernance jugée illégitime, des opérateurs économiques de Ziguinchor, réunis en collectif, exigent le renouvellement immédiat des instances de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture (Cciaz). Dans une conférence de presse sans détours, Boubacar Sagna, point focal du pôle Sud du Bureau de mise à niveau (Bmn) et candidat déclaré à la présidence, interpelle directement l’État et dénonce un déni de droit aux conséquences économiques et juridiques lourdes.
ZIGUINCHOR– La tension est palpable dans le milieu économique ziguinchorois. Hier, lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale régionale Sud, le Collectif des acteurs économiques de la région a alerté leur ministère de tutelle. Au cœur de leur indignation : le blocage institutionnel qui paralyse depuis 16 ans la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Ziguinchor, sans qu’aucune élection n’ait été organisée pour renouveler ses instances. Tous, appellent à l’organisation d’élections dans les délais raisonnables. « Depuis 2009, rien n’a bougé. C’est une violation flagrante de la loi, et un mépris total des opérateurs économiques que nous sommes », dénonce avec force Boubacar Sagna, opérateur économique bien connu et figure du leadership entrepreneurial local. « Le décret n°2003-101 du 13 mars 2003 fixe pourtant à 5 ans la durée d’un mandat consulaire. Aujourd’hui, nous sommes à plus de trois fois ce délai. C’est une anomalie qui ne peut plus durer », insiste M. Sagna. Face à ce qu’il qualifie de léthargie institutionnelle, le collectif accuse l’État de lenteur et de silence complice. En l’absence de renouvellement, les acteurs économiques s’estiment illégalement écartés des instances décisionnelles et plaident pour une gouvernance horizontale, plus inclusive, représentative et efficace. « La Casamance est une région aux potentialités énormes. Deux aéroports, un port, des terres fertiles…, mais tout est bloqué. Ce blocage institutionnel étouffe l’initiative privée et sabote la reconstruction économique post-crise », regrette Boubacar Sagna.
Le candidat déclaré à la présidence de la Chambre consulaire pointe également une absence totale d’encadrement, de formation et de structuration des filières économiques locales depuis plus d’une décennie. « Plus grave encore », selon le collectif, cette situation expose l’État à des risques juridiques importants. « Toute convention signée ou décision prise par l’actuelle Chambre peut être déclarée nulle pour illégalité de signature. Cela compromet la sécurité juridique des transactions, et fragilise les relations avec les investisseurs », avertit M. Sagna. Au-delà du terrain local, le responsable du pôle Sud de la Bmn soutient que, cette inertie institutionnelle pourrait aussi nuire à l’image du Sénégal sur la scène internationale. Dans un contexte où la transparence et la bonne gouvernance sont des critères clés pour les bailleurs de fonds et partenaires techniques, Boubacar Sagna pense que la Casamance ne peut se permettre un tel déficit de crédibilité. Aussi, le collectif exige donc des élections immédiates, et appelle le ministère de l’Industrie et du Commerce à assumer pleinement ses responsabilités. « Nous voulons une Chambre utile, au service des acteurs économiques. Il est temps d’assainir le climat institutionnel pour relancer durablement notre économie locale », martèle Boubacar Sagna, qui se positionne déjà comme candidat à une réforme en profondeur de la Cciaz Alors que la Casamance aspire à un nouvel élan économique, les regards sont désormais tournés vers le gouvernement qui doit organiser les élections attendues depuis 16 ans.
Gaustin DIATTA (Correspondant)