Ce samedi 27 septembre, le monde célèbre la Journée mondiale du tourisme. L’édition 2025 a pour thème « Tourisme et transformation durable », retenu par l’Organisation mondiale du tourisme (Omt).
L’objectif : promouvoir un secteur responsable, inclusif et respectueux des cultures comme des écosystèmes. Au Sénégal, cette date coïncide avec les préparatifs du Forum Invest in Sénégal, prévu les 7 et 8 octobre. Le tourisme y occupera une place centrale. À cette occasion, Le Soleil met en lumière les initiatives de l’APIX pour redonner vie à deux sites majeurs : Saly, vitrine balnéaire, et Saint-Louis, joyau inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Acteurs institutionnels et professionnels livrent leurs analyses et esquissent les défis d’un secteur en pleine mutation.
MBOUR – Au sud de Dakar, sur le littoral, la station balnéaire de Saly Portudal s’impose comme une référence touristique en Afrique de l’Ouest. Cette « carte postale » du tourisme sénégalais avait pourtant subi, il y a quelques années, les assauts dévastateurs de l’érosion côtière. Ses plages, autrefois très fréquentées, avaient presque disparu sous l’emprise de l’océan. Pour y remédier, l’État du Sénégal a lancé en 2019 le Pdte, un programme piloté par l’Apix et qui s’est révélé être un modèle de résilience face aux changements climatiques. Celui-ci visait à protéger et restaurer le littoral à travers l’installation de plus de 100.000 tonnes de blocs de pierre pour freiner la puissance des vagues. En parallèle, une vaste opération de rechargement en sable fin a été menée sur 5 km de côte, nécessitant le déplacement de 600.000 m³ de sable depuis le large. Résultat : plus de 5 km de plage ont été restaurés, soit environ 52.000 m².
Aujourd’hui, les 13 brise-lames et 4 épis installés dans le cadre du projet sont considérés comme de véritables joyaux architecturaux. Cet investissement, réalisé par l’Apix avec l’appui de la Banque mondiale, a mobilisé une enveloppe globale de plus de 36 milliards de FCfa. Depuis la livraison des travaux en 2022, Saly est redevenue un haut lieu du tourisme balnéaire, attirant aussi bien les locaux que les visiteurs étrangers. «Certains hôtels commençaient à fermer à cause de l’érosion côtière. Mais après les travaux, Saly a repris de la valeur. Les propriétaires ont cessé de vendre leurs résidences et leurs hôtels. Aujourd’hui, les établissements retrouvent leurs clients et rouvrent leurs commerces: restaurants, boutiques et autres. Économiquement, il y a une reprise forte de l’activité », constate Babacar Mbengue, point focal du Pdte pour la Sapco. Une économie relancée Sous un ciel bleu dégagé, des enfants profitent calmement de la douceur de l’eau.
Saly, c’est aussi un lieu où l’on peut savourer pleinement les merveilles de l’Atlantique. Dans les hôtels, les terrasses autrefois menacées par la mer surplombent désormais une plage entièrement restaurée. À côté de ces établissements, d’autres activités se développent le long des plages emblématiques de Safari, Teranga, Niakh-Niakhal et Savana. D’une part, des cantines et restaurants accueillent les visiteurs locaux et étrangers ; d’autre part, les activités nautiques prennent de l’ampleur. Didier Ntap, comme beaucoup de jeunes, tire son revenu quotidien des plages. Chaque jour, il installe parasols et tentes face à la mer pour offrir de l’ombre aux visiteurs. « La récupération des plages a permis de créer des activités génératrices de revenus. Les clients qui s’installent sous mes parasols achètent aussi chez mes amis du poisson grillé et d’autres fruits de mer. C’est toute une chaîne de valeur qui tourne autour de ces plages », explique-t-il.
À quelques mètres de là, Mass, doyen des commerçants de plage, discute avec un groupe d’enfants les pieds dans l’eau. Témoin des heures sombres de Saly, il se réjouit aujourd’hui de voir la station renaître. L’entretien des ouvrages, un défi avant les Joj Pour Mass, les investissements réalisés ont indéniablement relancé la machine touristique. D’où l’importance, souligne-t-il, de veiller à la gestion et à l’entretien des ouvrages implantés. « Ces travaux ont changé Saly. On avait perdu espoir, mais aujourd’hui les acteurs vivent à nouveau grâce aux activités économiques. Par contre, je commence à remarquer les signes du retour de la mer, à cause du manque d’entretien », avertit-il. Le Pdte avait recommandé un suivi rigoureux pour assurer la durabilité des infrastructures. Mais sur le terrain, les acteurs alertent : certaines zones de plage sont déjà plus fragiles, et les vagues regagnent du terrain. Selon Babacar Mbengue, le non-respect des mesures d’entretien constitue une menace majeure.
Par Diégane DIOUF (Correspondant)