Vivre au campus universitaire, c’est dire oui même quand le cœur crie non. Dire oui à la promiscuité, à la pression et aux conditions précaires. À cela s’ajoute une forte chaleur qui ne laisse aucun étudiant indifférent. Beaucoup sont confrontés à des vertiges, maux de tête, déshydratation, etc. À ce rythme, la quête de savoir devient pour certains étudiants une routine insipide.
Il est 7h au campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le soleil fait déjà une entrée spectaculaire. Des groupes d’étudiants empruntent le chemin qui mène au restaurant universitaire. D’autres ayant déjà pris le petit déjeuner se dirigent à leur faculté respective. Pendant ce temps, ceux qui ont raté l’alarme se bousculent dans les toilettes pour prendre une douche. À moins de deux minutes de marche, la sueur se laisse voir sur le visage de certains. Une journée assez corsée se prépare.
Logée au pavillon H du campus ESP, Diarra, étudiante au CESTI dépense chaque jour beaucoup d’énergie pour arriver à l’heure. Tenue basique, un petit sac sur l’épaule droite, l’ordinateur portable à la main, elle presse le pas en jetant un coup d’œil sur sa montre. Elle en a au moins pour 1 km de marche sous la chaleur.
« C’est difficile de parcourir cette distance sous une telle température. Mais quand je pense à ceux qui n’ont pas de logement, je ne me plains pas », dit-elle en tapotant son front avec un mouchoir afin de canaliser la sueur.
« La chaleur m’affaiblit à chaque fois que je termine les cours. Et d’après les observations météorologiques, la canicule ira jusqu’au mois de décembre même. C’est difficile surtout pour nous qui avons l’obligation de nous présenter tous les jours à l’école. C’est vraiment difficile à gérer », dit-elle d’un ton inquiet.
Et d’ajouter : « Pire, il y a un problème d’eau au pavillon. Imaginez, un manque criard d’eau en cette période de forte chaleur. C’est gravissime. J’habite au deuxième étage, l’eau ne vient normalement que tard dans la nuit. Sinon, durant toute la journée, il n’y a que quelques gouttes ou parfois rien du tout », conclut-elle.
On peut voir que le temps est actuellement un ennemi de la quiétude des étudiants. En plus de mouiller les habits de sueur, la forte chaleur fragilise aussi la santé de certains étudiants.
La canicule, plus que de la transpiration
Il est 12h, l’heure où le soleil tape plus fort dans la journée. Le service médical de l’UCAD reçoit un nombre important d’étudiants malades par rapport à la normale. Il y a une longue queue au rez-de-chaussée devant le bureau des médecins, à la pharmacie et même au service d’urgence.
Tapha vient d’épuiser sa perfusion. Il s’apprête à sortir en compagnie d’un camarade qui lui tient son sac et ses médicaments. Il n’a pas l’air heureux de ressortir sous la chaleur. « Un coup de soleil suffit pour que je me sente étourdi. Pourtant je n’étais pas si fragile avant, mais avec une telle chaleur, on peut s’attendre à tout », balance-t-il d’un ton découragé.
« Après diagnostic, le médecin n’a rien vu d’alarmant, juste des signes de paludisme et une déshydratation. Il m’a suggéré de boire beaucoup d’eau et de limiter mon exposition au soleil. Ce qui risque d’être compliqué voire impossible », explique-t-il.
À côté, Codou, une étudiante, s’impatiente pour voir le médecin. Elle fait des allers-retours, la main sur sa tête. « J’ai des vertiges et une douleur atroce à la tête », marmonne-t-elle.
Un des agents de sécurité lui fait signe de s’asseoir avant qu’elle ne perde l’équilibre.
« Je suis allée au restaurant pour le repas. La queue est trop longue mais j’ai quand même attendu mon tour pour manger. Je n’avais pas d’autre choix que de supporter la chaleur. Dès que j’ai pris place, la douleur m’a assaillie. J’ai laissé le plat sur la table et je me suis précipitée ici », explique-t-elle.
La canicule constitue un souci majeur à la vie estudiantine. L’enthousiasme à l’idée d’aller en fac chaque matin est au plus bas. La forte chaleur influe sur la concentration, les humeurs et la santé. Une telle situation risque de durer jusqu’en décembre. Une période qui, en principe, est connue pour son temps froid.
Fatou NDIAYE


