Le ministère des Finances et du Budget et la Banque ouest africaine de développement (Boad) ont signé, le 23 novembre, l’accord de création du Fonds de Valorisation des Actifs du Sénégal (Fovas). Pour l’économiste Seydou Sow, il s’agit d’un moyen de convertir des actifs souvent sous-utilisés sans recourir systématiquement à la dette.
La création du Fonds de Valorisation des Actifs du Sénégal (Fovas), officialisée, le 23 novembre 2025, à travers un accord entre l’État sénégalais et la Banque ouest africaine de développement (Boad), marque une étape décisive dans la stratégie de financement national. C’est l’avis de l’économiste Seydou Sow. Il explique que dans un contexte où les finances publiques sont sous tension, avec l’absence d’accord avec le Fmi, révélation de dettes non enregistrées, dégradations de la notation souveraine, le pays explore une voie nouvelle. Cette donne consiste, d’après M. Sow, à transformer son patrimoine public en source de financement durable et structuré. L’initiative vise explicitement à renforcer la mobilisation des ressources, consolider la trajectoire financière et restaurer les marges de manœuvre budgétaires.
« Le Fovas se positionne comme un instrument de gestion patrimoniale moderne. Il consiste à identifier, regrouper et exploiter économiquement des actifs publics stratégiques, qu’ils s’agissent d’infrastructures de transport, d’énergie, de télécommunications ou de foncier », explique Seydou Sow. À l’en croire, l’objectif est de convertir des actifs souvent sous-utilisés en flux financiers stables, capables de soutenir les investissements publics sans recourir systématiquement à la dette. Dans ce dispositif, insiste le spécialiste, la Boad joue un rôle déterminant, car elle apporte son expertise en structuration financière et agit comme un catalyseur pour mobiliser des investisseurs privés et des partenaires internationaux. Cette crédibilité institutionnelle est d’autant plus importante que le pays, informe M. Sow, évolue dans un environnement où l’accès aux financements extérieurs est devenu plus coûteux et plus incertain. Piste déjà explorée par le Maroc Sur le plan économique, la valorisation des actifs répond à plusieurs enjeux majeurs. Elle permet d’abord de diversifier les sources de financement de l’État à un moment où les marchés internationaux se ferment.
Donc, « la possibilité d’améliorer la performance des infrastructures publiques grâce à une gestion spécialisée et à des partenariats structurés. De l’avis de Seydou Sow, elle crée aussi une alternative crédible au financement par la dette, un élément essentiel pour restaurer la confiance des investisseurs et stabiliser les finances publiques ». Cette démarche, fait-il savoir, s’inscrit dans une dynamique déjà observée ailleurs en Afrique. Selon lui, le Maroc, avec le Fonds Mohammed VI, a mis en place un modèle comparable pour attirer les capitaux privés et moderniser la gestion de ses actifs stratégiques. Le Nigeria, de son côté, a démontré, à travers son Fonds souverain, que l’exploitation structurée du patrimoine public peut renforcer la soutenabilité budgétaire et attirer des flux d’investissement à long terme. « Dans l’ensemble, le Fovas apparaît comme une réponse pragmatique à l’essoufflement des modèles de financement traditionnels.
Il témoigne d’un tournant stratégique dans la gestion publique du Sénégal : l’État cherche désormais à puiser dans son propre patrimoine pour financer son développement, plutôt que de s’appuyer exclusivement sur les bailleurs ou les marchés », estime l’économiste. Pour lui, il s’agit d’une transformation prometteuse, mais qui exige une gouvernance rigoureuse, une transparence totale dans l’évaluation des actifs et une gestion professionnelle alignée sur les standards internationaux. « Bien piloté, le Fovas pourrait devenir un pilier de la résilience financière nationale. Mal structuré, il risquerait de fragiliser des actifs stratégiques ou de produire des revenus insuffisants pour combler les besoins budgétaires.
Ainsi, le Fonds n’est pas seulement un instrument technique, c’est un test institutionnel pour le Sénégal », indique-t-il. Cependant, M. Sow considère que sa réussite dépendra de la capacité du pays à harmoniser les réformes budgétaires en cours, à renforcer la discipline financière et à instaurer une gouvernance exemplaire. « S’il est correctement mis en œuvre, ce mécanisme pourrait inaugurer une nouvelle ère dans laquelle le patrimoine public devient un moteur central de la souveraineté économique et du financement du développement », a conclu l’expert.
Demba DIENG

