La coalition « Pastef » a largement gagné les élections législatives du 17 novembre. Son score laisse groggy l’opposition, notamment celle qui est considérée comme la plus représentative. Presque partout dans le pays, Pastef est arrivé en tête.
Une première explication montre que l’opposition n’a pas abordé ces élections législatives de la meilleure des manières. Le temps de préparation semble très court. Même si les supputations allaient bon train sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale, peu d’acteurs politiques ne s’attendaient à ce qu’elle intervienne avant la déclaration de politique générale du Premier ministre. La décision prise le 12 septembre a apparemment pris au dépourvu la classe politique.
Dès lors, les partis ou coalitions avaient dix jours pour confectionner les listes, s’accorder sur un programme et définir une stratégie de campagne gagnante. Trop court. Et dans une élection, le temps est crucial. Des leaders de l’opposition comprenant l’importance du facteur temps ont dénoncé le délai court, accusé le parti au pouvoir de fausser le jeu démocratique avec un agenda caché, en ne partageant pas, par exemple, les informations issues de la consultation du Conseil constitutionnel par le Chef de l’État sur la date des élections législatives anticipées, le parrainage, etc. L’opposition n’a donc eu que les vingt-et-un jours de campagne électorale pour rattraper son retard. Ces trois semaines sont effectivement un moment privilégié pour aller à la rencontre des électeurs, expliquer les programmes, etc. Malheureusement, la campagne électorale a été polluée par les violences notées à Dakar, dès le premier jour, puis à Koungueul et à Saint-Louis.
Pourtant, en politique comme en sport, l’impréparation est un facteur de risque majeur. Cela s’est reflété dans les discours servis. Ceux-ci mettaient plus l’accent sur l’amateurisme du nouveau pouvoir, son incapacité à prendre en charge les réelles préoccupations des Sénégalais, notamment la lutte contre la vie chère, le chômage, l’émigration irrégulière et le discours « enfantin » du Premier ministre. Un discours qui n’a pas porté ses fruits. L’on peut rétorquer que Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko avaient fait une semaine de campagne et gagné l’élection présidentielle. Mais ils ont été portés par l’enthousiasme et l’aspiration au changement. De plus, leurs partisans occupaient le terrain. Tout cela a manqué à l’opposition dite significative qui n’a pas su emballer la campagne par un discours captivant et mobilisateur.
Certains, chez eux, donnaient parfois l’impression d’être de braves fonctionnaires blanchis sous le harnais qui découvrent, la poussière ocre du sahel sur le visage, le Sénégal des profondeurs. Dans une compétition électorale, l’enthousiasme et le rêve sont des leviers essentiels pour emporter l’adhésion des populations. Ceux qui ont su les actionner et partager leur enthousiasme et leur foi en l’avenir de ce pays avec de fortes ruptures attendues ont gagné. Largement.
Par Mamadou GUEYE