Le bel exercice démocratique et citoyen, largement partagé sur les chaînes de télévision et les plateformes numériques, s’est déroulé mercredi 12 novembre, au siège du journal La Dépêche du Midi à Toulouse. On y voit le Président Emmanuel Macron, debout, micro à la main, abordant une thématique d’une actualité brûlante : « La démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux, des algorithmes et des ingérences étrangères ».
L’ambiance était à la fois décontractée et studieuse, idéale pour faire passer un message. En bon pédagogue, Macron a rapidement posé le cadre de son intervention : « On voit bien que quelque chose se passe dans nos démocraties avec les réseaux sociaux ». La suite a pris la forme d’un échange dynamique : une série de questions-réponses entre de jeunes participants, attentifs et curieux, et un Chef d’État déterminé à changer le cours des événements. De riches échanges avec Macron qui veut davantage de transparence des plateformes, partageant des données et des algorithmes, et plaidant pour une formation accrue à l’esprit critique et à l’éducation numérique. Il a également évoqué la protection des jeunes faces aux contenus trompeurs et la nécessité de mieux distinguer les faits des opinions.
Le Président a, toutefois, tenu à préciser que son idée n’est pas d’interdire, mais de favoriser la transparence, souhaitant que les grandes plateformes partagent leurs données et leurs algorithmes avec des acteurs agréés par le régulateur, afin que « l’information puisse être contrôlée et comprise ». Il voit « un principe fondamental de confiance démocratique ». Emmanuel Macron conclut son propos en plaidant pour une « formation renforcée à l’esprit critique ». Cela inclut, selon lui, la compréhension du fonctionnement d’Internet, des algorithmes et de l’intelligence artificielle, afin « d’éviter que les jeunes soient trompés par des contenus bien construits, mais mensongers ». L’objectif : faire d’eux des consommateurs avertis face aux plateformes numériques et à la désinformation. Un défi majeur qui n’est pas propre à la France. Nombre de pays sont confrontés au même enjeu : disposer de citoyens capables de reconnaître les contenus trompeurs, les publicités mensongères et les discours de haine. Mais Macron ne se contente pas de constater ou de s’inquiéter.
Il agit, et propose une solution : la formation des jeunes à la « pensée critique », condition de leur participation active et responsable à la vie de la cité. Autrement dit, il nous invite à préparer et à outiller les jeunes en leur fournissant des compétences en lecture critique leur permettant de distinguer les faits des opinions. Un vaste chantier aux enjeux majeurs. En s’affichant en rempart pour protéger la démocratie contre les dangers des réseaux sociaux, Macron a clairement indiqué la voie à suivre. Et il est même souhaitable que sa démarche fasse tache d’huile. Que d’autres chefs d’État lui emboîtent le pas, en allant eux aussi à la rencontre des jeunes de leurs pays pour échanger et sensibiliser sur les risques qui pèsent sur les projets démocratiques.
Il est vrai que des initiatives existent ici et là. Partout, des acteurs étatiques et des organisations se mobilisent pour anticiper et protéger, mais tout cela reste encore marginal au regard des effets préoccupants causés par la désinformation et les contenus trompeurs. Alors, suivons les conseils de Macron : « réapprenons la citoyenneté », levier essentiel qui nous aidera à développer l’esprit critique chez les jeunes, leur permettant ainsi de devenir des consommateurs avertis face aux dérives des réseaux sociaux et à cette saturation médiatique. Sur un autre registre, mais toujours dans le champ des médias et des réseaux sociaux, un étudiant a voulu savoir si la présence de milliardaires dans les médias est un signe de bonne santé démocratique : « Non. C’est l’exacte conséquence d’un modèle économique en crise. (…) On a de plus en plus de titres de presse — journaux, radios, télévisions — qui sont rachetés par des gens dont l’agenda n’est pas exactement de faire vivre un titre de presse, et c’est un problème », a répondu Macron. Autre pays, autre contexte, mais une situation qui fait écho à la réalité sénégalaise.
abdoulaye.diallo@lesoleil.sn

