La scène est un peu cocasse. Le comportement d’un conducteur de tricycle est inapproprié et, à la limite, malveillant. Après avoir été arrêté par un agent de la force publique, il n’a rien trouvé de mieux que de proposer diligemment à ce dernier un cadeau peu ordinaire : un paquet d’eau. Sans hésitation, l’agent refuse fermement.
Le conducteur finit par présenter les documents nécessaires pour son véhicule. Par son geste, le conducteur du tricycle voulait tromper la vigilance de l’agent. Prudent, ce dernier a vite déjoué le piège. Cette histoire souligne l’importance pour les agents de faire preuve de vigilance face à des offres qui pourraient compromettre leur intégrité. Accepter un tel cadeau, surtout en public, pourrait nuire à la réputation de l’agent et de son institution. Il est essentiel que les agents de la force publique, quel que soit leur corps, résistent à de telles propositions pour maintenir leur crédibilité et protéger leur carrière, qui est le fruit de sacrifices et de mérites. Pour rien au monde, un agent, quel que soit son rang, ne doit accepter de propositions indécentes et rétrogrades.
En le faisant, il s’expose à des sanctions et ternirait l’image de son corps professionnel. Lorsqu’on prend conscience du chemin parcouru pour revêtir cet uniforme, symbole d’identité et d’histoire, on ne devrait jamais s’aventurer à poser des actes pernicieux susceptibles de compromettre une carrière professionnelle légitimement méritée. L’on se rappelle, un ancien Garde des Sceaux, ministre de la Justice, avait défrayé la chronique pour des faits presque similaires. Sauf que c’était avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Soupçonné d’avoir perçu un don d’un entrepreneur, il avait catégoriquement rejeté ces allégations en ces termes : « Il m’a offert gracieusement 50 millions de FCfa, et je les ai immédiatement rendus, par l’intermédiaire de son directeur des constructions. Je l’ai fait pour ne pas céder à la tentation ».
La suite, tout le monde la connaît. Ces derniers temps, des comportements regrettables ont été observés dans certains corps, portant atteinte à l’image des corps concernés. Un incident majeur a eu lieu dans la nuit du samedi 26 au lundi 27 octobre 2025, lorsqu’un groupe d’agents s’est présenté dans un commissariat pour exiger la libération d’un des leurs. Face au refus des agents, la situation a rapidement dégénéré. Plutôt en octobre 2025, à l’intérieur du pays, un conflit de compétence similaire avait également opposé deux corps différents pour l’occupation d’un point de contrôle sur la voie publique, chacun refusant de céder le passage à l’autre sur le rond-point concerné. Plus récemment, la semaine dernière, dans une localité à Dakar, une simple dispute autour de la maîtrise d’un rond-point stratégique a failli devenir le théâtre d’une rare violence entre des agents de la force publique. La situation a provoqué un moment de panique, avant d’être maîtrisée in extremis.
Ces frictions ne constituent pas des accrochages isolés, mais sont symptomatiques de tensions plus fréquentes, souvent liées à des zones de compétence mal définies, ambiguës, voire floues ; ce qui amène chaque corps à défendre âprement son territoire. De tels comportements peuvent saper la fraternité et la canarderie des unités condamnées à cheminer ensemble pour faire face aux défis sécuritaires. Dimanche dernier, lors de la randonnée pédestre des Forces armées, le ministre des Forces armées, Birame Diop, avait souligné l’importance de l’unité, rappelant que les Forces de défense et de sécurité (Fds) appartiennent à la même institution et doivent renforcer leur solidarité pour mieux remplir leurs missions de protection. Il a insisté sur l’obligation de coordonner leurs efforts « afin de garantir un Sénégal sûr et stable, tout en contribuant au développement socio-économique du pays par le concept Armée-Nation ».
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