L’invincibilité a pris fin, les Lions ont mordu la poussière. Un goût amer dans la bouche, même si le bourreau se nomme Brésil. On avait oublié cette sensation, celle de l’impuissance face à l’adversité, car depuis le 12 septembre 2023 et le match amical perdu 0-1 à domicile contre l’Algérie, au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio, le Sénégal n’avait plus perdu.
Le revers face à la Côte d’Ivoire à la CAN 2023, intervenu aux tirs au but, est considéré comme un match nul sur les statistiques. Cependant, cette défaite face à la Seleção peut servir de leçon. Oui, c’est toujours frustrant de perdre. Mais tomber n’est pas rédhibitoire en football. Il faut savoir se relever, c’est la marque des grands. L’essentiel sera de savoir en tirer des enseignements. Et ceux-ci, le moins que l’on puisse dire, sont nombreux.
Besoin de sang 9
Le premier enseignement de ce match est psychologique : l’invincibilité n’est jamais acquise. Affronter une nation de ce calibre, même en amical, expose les failles que les adversaires moins cotés peinent à exploiter. Le Sénégal, qui s’était habitué à maîtriser et à gagner, a été contraint à une posture qu’il connaît peu : celle d’être dominé et de courir après le score. Cette défaite, la première face à un adversaire de ce standing depuis longtemps, remet les compteurs à zéro et rappelle aux joueurs que le travail doit se poursuivre sans relâche. Autre leçon, le Sénégal a besoin d’un numéro 9 de haut niveau, capable de changer le cours d’une rencontre à lui tout seul. Le Cameroun a Vincent Aboubakar, le Nigeria Victor Osimhen, et notre voisin guinéen dispose de Serhou Guirassy.
Si Pape Thiaw a décidé de se passer des services de ses attaquants de pointe (en l’occurrence Nicolas Jackson, Boulaye Dia et Chérif Ndiaye, Habib Diallo étant forfait pour blessure), c’est qu’il a voulu faire un coup en tentant de jouer avec Sadio Mané en faux numéro 9, mais aussi peut-être parce que ses avants-centres ne sont pas, ou pas encore, du calibre de ce qui se fait de mieux sur le continent. Et c’est un énorme problème pour la sélection. On a une pléthore de talents, néanmoins, le poste d’avant-centre est encore mal pourvu. Les noms sont certes là, mais les joueurs peinent encore à endosser le costume. En outre, le cœur du problème, samedi, résidait dans l’entrejeu. Le milieu de terrain sénégalais, habituellement solide et capable de dicter le tempo, a été complètement submergé par la vitesse d’exécution et la qualité technique des Brésiliens. Le trio de départ du milieu de terrain semblait jouer en smoking parfois, ou d’autres fois avait du mal à rivaliser avec l’impact physique de Casemiro et Bruno Guimarães. Et quant à la transition offensive, elle a été à l’avantage des Brésiliens. La preuve en chiffres : 14 tirs pour le Brésil dont 6 cadrés, alors que le Sénégal n’a cadré qu’une seule tentative.
Les Auriverdes ont touché les montants deux fois et ont touché le ballon 26 fois dans la surface sénégalaise.
Krépin Diatta, indispensable
En outre, le Sénégal a été défaillant sur son couloir droit. En l’absence de Krépin Diatta, blessé, Antoine Mendy, a été choisi pour occuper le poste de latéral. Le pauvre a été martyrisé par Vinicius Junior durant toute la partie. Le Niçois, généreux dans l’effort, a tout de même pris l’eau face au joueur du Real Madrid, qui a affiché un niveau de jeu exceptionnel durant toute la partie. Offensivement, Mendy n’a pu apporter de danger. Le Sénégal doit donc prier pour avoir un Krépin Diatta en bonne santé en vue de la CAN 2025 qui se jouera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Cependant, il n’y a pas à rougir d’une défaite face au Brésil. Ou du moins, si c’est le cas, c’est que le Sénégal a franchi un cap. Les Brésiliens ont en effet pris ce match comme une finale, face à une nation réputée et qui a battu l’Angleterre cinq mois auparavant. De surcroît, les failles notées face à une nation cinq fois championne du monde (record) peuvent permettre à Pape Thiaw de rectifier le tir avant le rendez-vous continental au Maroc. L’autre bonne nouvelle, c’est que le Sénégal n’aura pas le temps de gamberger. Dès mardi, Pape Thiaw va remettre le pied à l’étrier et mener les siens vers une confrontation contre le Kenya, dernier match avant la CAN 2025.

