Le gouvernement du Sénégal a mis en place une stratégie appelée « Vision Sénégal 2050 ». Il s’agit d’un plan de développement à long terme, une feuille de route destinée à placer durablement le pays sur les rampes du développement d’ici à 2050.
Fini donc le Plan Sénégal Émergent (Pse). Pour le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, « cette stratégie traduit la volonté du Sénégal de devenir un pays solide, juste, indépendant et fidèle à ses valeurs et à son peuple ». Mais pour atteindre cet objectif à long terme, il faudra réaliser de nombreux projets et réformes. L’année 2050 apparaît ici comme une destination finale, mais il reste un long chemin à parcourir pour y parvenir. C’est précisément ce chemin que définit le Master Plan (ou plan directeur). Dans le langage du bâtiment, on pourrait dire que la «Vision Sénégal 2050» représente l’immeuble à construire, et que le Master Plan en constitue la fondation.
Il aide le gouvernement à progresser par étapes de cinq ans. À chaque phase du plan, des ajustements sont apportés selon la situation du moment, tout en gardant le cap fixé par la «Vision Sénégal 2050». Le plan se fixe, par exemple, pour objectifs de faire croître l’économie de 6,5 à 7 % par an, de réduire la dette publique à environ 70 % du Pib d’ici à 2029, et de ramener le déficit budgétaire (lorsque l’État dépense plus qu’il ne gagne) à environ 3 % du Pib. Pour atteindre ces buts, le socle du Master Plan semble assez solide. Il repose sur plusieurs axes stratégiques : une économie compétitive, un capital humain de qualité, la justice sociale, l’aménagement du territoire et le développement durable, la bonne gouvernance, ainsi qu’un engagement fort envers l’Afrique. Tel un devis, la fondation (le Master Plan) sait déjà combien elle devra coûter. Le plan est estimé à environ 18.496 milliards de FCfa.
Son financement proviendra en partie de l’État (environ 12.821 milliards) et du secteur privé (environ 5.675 milliards) à travers des partenariats public-privé. Par cette méthode, le gouvernement confirme son choix de financer le développement sans s’endetter excessivement, du moins à l’étranger. Ambitieux et en cohérence avec la «Vision Sénégal 2050», le Master Plan devrait donner le ton de ce que sera la stratégie nationale. Mais plusieurs questions méritent d’être soulevées : le secteur privé a-t-il les moyens de répondre aux attentes ? Le cadre fiscal est-il adapté ? Est-il incitatif ? Ce qui est certain, c’est que le secteur privé a toujours revendiqué une place de choix dans le financement des projets et programmes de l’État.
La volonté souverainiste affichée par les nouvelles autorités laisse entrevoir une implication accrue du capital national, surtout si elle rencontre un secteur privé prêt à jouer sa partition. Dans une tribune, Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat, a exprimé toute la détermination de ses pairs à contribuer à cet effort : « Le temps de l’audace est venu. L’entreprise sénégalaise doit être au cœur de la transformation économique du pays », a-t-il lancé. Un État ouvert, un programme ambitieux, un secteur privé surmotivé… Que reste-t-il encore pour enfin décoller ?
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