Madiambal Diagne est visiblement très fort. L’homme d’affaires, candidat malheureux aux législatives de novembre 2024 et président du groupe Avenir Communication, peut se targuer d’avoir réalisé, jeudi 30 octobre 2025, un incroyable exploit : renverser la table et mobiliser, malgré tout, presque toutes les forces vives du pays — société civile, acteurs politiques, presse nationale et organisations de défense des droits de l’homme — contre le pouvoir incarné par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Un exploit, il faut le reconnaître, facilité par une démarche pas du tout inspirée qui a voulu priver M. Diagne de parole. Et dix jours après ce malheureux dysfonctionnement, les mêmes questions demeurent : qui a donné l’ordre aux forces de l’ordre de se rendre à 7Tv pour interrompre une émission en direct et interpeller la présentatrice, Maïmouna Ndour Faye ? Qui a demandé et obtenu, le lendemain, l’arrestation de Babacar Fall de la Rfm, dans des conditions similaires, avant de le conduire au commissariat central de Dakar ?
Si l’objectif était d’empêcher Diagne de parler, l’échec est incontestablement flagrant. Il a non seulement parlé, mais il a eu l’occasion de s’adonner à son jeu favori : formuler de graves accusations contre le président du Pastef. Qui pour le soutenir ? Toujours les membres du « Système » unis par un seul objectif : discréditer Ousmane Sonko et freiner son action prometteuse à la tête du gouvernement. Tout semble avoir été bien planifié, bien pensé, avec des éléments de langage soigneusement choisis.
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« C’est un dossier totalement politique. Ousmane Sonko a vu que beaucoup de Sénégalais commencent à me manifester un réel intérêt. Il fallait stopper cet élan de sympathie. Voilà ce qui justifie la procédure enclenchée contre moi », a insisté M. Diagne dans l’interview accordée à Babacar Fall. Une ligne de défense habile pour manipuler l’opinion.
Heureusement, le piège tendu par ceux qui veulent la tête de Sonko a été déjoué. Et il ne pouvait en être autrement : Sonko et Diomaye, comme ceux qui les ont portés au pouvoir, maîtrisent parfaitement la nature du système qu’ils veulent éradiquer — ses caractéristiques, ses stratégies et ses implications. Voilà pourquoi toute tentative de diabolisation pour détourner les Sénégalais de l’essentiel est vouée à l’échec. Peine perdue.
Parce que très franchement, rien dans les initiatives et démarches actuelles des nouvelles autorités, il est question de remettre en cause la République et l’État de droit, qui supposent un accès à l’information et des médias libres et indépendants. En revanche, Diomaye et Sonko ont dit et réaffirmé qu’ils seront impitoyables envers les prévaricateurs et détourneurs de deniers publics. C’est connu : tous les pays qui avancent et qui font rêver sont les pays où les citoyens s’acquittent correctement de leurs impôts et où les délinquants financiers sont sévèrement punis.
Et donc pour sortir de sa situation actuelle et s’engager résolument sur le chemin du développement, le Sénégal sous Diomaye et Sonko doit rester ferme, refusant de céder sous aucune forme de pression, allant jusqu’au bout sur les dossiers judiciaires. Le moindre faux pas aura suffi pour anéantir les louables efforts jusqu’ici réalisés. Le Sénégal a trop souffert des occasions manquées.
Cette fois-ci, il faut le reconnaître, le contexte n’est pas le même. Les populations, soutiens actifs du Projet, sont visiblement conscientes des enjeux. Suffisant pour obtenir les objectifs escomptés. Maintenant, Sonko ne cesse de le rappeler : il aurait souhaité l’accompagnement de la presse dans ce vaste chantier de redressement du pays.
S’empressant toutefois d’ajouter : « mais qu’avec ou sans l’appui de la presse », la dynamique enclenchée se poursuivra. Pour le bien du Sénégal et des Sénégalais. Symptomatique du mal qui nous assaille, il n’y a d’ailleurs qu’en Afrique qu’on voit un gouvernement critiqué, vilipendé et malmené pour avoir fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière son cheval de bataille. Tout cela pour dire qu’il est temps, pour la presse, de renouer avec la normalité et de souffler enfin dans le sens du vent, s’accrochant sur sa mission principale : informer juste et vrai.
Par Abdoulaye DIALLO (abdoulaye.diallo@lesoleil.sn)

